Trump signe un décret exécutif pour stimuler les investissements américains dans l'IA
Mais le décret ne réserve aucun nouveau fonds d’investissement
L’intelligence artificielle n’est plus à présenter. Elle est sans aucun doute le principal levier du développement des économies du futur, de sorte que les nations qui détiendront les rênes de cette technologie seront celles qui dirigeront le monde. Les Etats-Unis ont une avance considérable dans le domaine avec des entreprises leaders dans l’intelligence artificielle telle que Google, Amazon, Microsoft. Mais la stratégie nationale d’IA est longtemps restée timide, les Etats-Unis ignorant presque la course dans laquelle la plupart des pays se sont lancés afin de stimuler le développement de l'IA.
Maintenant que les données changent, le rythme de l'innovation en matière d'IA s'accélérant dans le monde entier, et que le leadership des Etats-Unis n’est plus garanti, le président Tump a signé hier un décret exécutif créant l'« American AI Initiative », une stratégie de haut niveau qui va guider le développement de l'IA aux États-Unis. L'initiative réorientera le financement et les ressources du gouvernement fédéral vers la recherche sur l'IA, ainsi que vers la création de normes internationales dirigées par les États-Unis en matière d'IA, de nouvelles recherches sur le recyclage des travailleurs américains, l’amélioration de l'accès aux services et aux données informatiques dans les nuages nécessaires à la création de systèmes d'IA et la promotion de la coopération avec les puissances étrangères.
« Les Américains ont énormément profité d'avoir été les premiers développeurs et leaders internationaux de l'IA », peut-on lire dans le communiqué de presse de la Maison-Blanche. « Cependant, alors que le rythme de l'innovation en matière d'IA s'accélère dans le monde entier, nous ne pouvons pas rester les bras croisés et présumer que notre leadership est garanti. Nous devons veiller à ce que les progrès de l'intelligence artificielle restent alimentés par l'ingéniosité américaine, reflètent les valeurs américaines et soient appliqués dans l'intérêt du peuple américain. »
Toutefois, le décret ne prévoit aucun nouveau financement pour la recherche et le développement de l'IA, et l'administration Trump a fourni peu de détails sur la façon dont elle prévoyait mettre en œuvre ses nouvelles politiques. Aucun calendrier n’a été publié pour atteindre les objectifs que l’administration s'est fixée. La Maison-Blanche promet plutôt un plan plus détaillé au cours des six prochains mois, dans un contexte où la Chine, à l’instar des autres pays, qui ont commencé à faire d'importants investissements dans l’IA, notamment la Corée du Sud, la Grande-Bretagne, la France et le Canada, prend de l’avance chaque année dans le domaine et pourrait même devenir leader mondial de l'IA si rien n’est fait.
En février 2018, une étude du cabinet CB Insight publiée dans l’édition 2018 de son rapport annuel « Top AI Trends To Watch », attirait l’attention sur les progrès réalisés par la Chine dans le domaine de l’intelligence artificielle. Elle suggérait qu’à l’échelle mondiale, la Chine est le pays qui, en 2017, a alloué le plus de fonds pour le financement des startups spécialisées d’IA. En effet, le gouvernement chinois avait rendu public en juillet 2017 le plan de développement national qu’il compte mettre en place pour l’émergence de l’intelligence artificielle « made in china ». Ce projet prévoit d’augmenter le poids économique de ce secteur d’avenir de 150 milliards de yuans (22,15 milliards USD) d’ici 2020 à 400 milliards de yuans (59,07 milliards de dollars) à l’horizon 2025, selon les chiffres officiels fournis par le gouvernement chinois.
Un rapport du US House Oversight and Reform IT Subcommittee publié en septembre 2018 concluait que la Chine est susceptible de dépasser les États-Unis en ce qui concerne les dépenses consacrées par chacun de ces deux pays en R&D sur l’IA jusqu’en fin 2018. Le rapport a interpellé sur l’insuffisance des investissements consentis dans ce domaine par l’administration Trump et a exhorté la Maison-Blanche à mettre tout en œuvre afin de remédier à cette situation.
En 2017, le gouvernement français a définit une feuille de route, FranceIA, pour développer l'IA et concurrencer les géants américains de la technologie. La feuille de route devrait lancer un programme conçu pour attirer et retenir les meilleurs talents en IA dans le cadre de son Plan d'investissement d'avenir 3 (PIA3), en même temps, les secteurs privé et public devraient apporter plus de 25 millions d’euros à 10 startups françaises.
Bien que des entreprises américaines comme Google et Amazon soient maintenant des chefs de file dans le domaine de l'IA, les experts en la matière craignent que la Chine ne surpasse les États-Unis dans le développement de technologies qui permettront d'alimenter les systèmes de surveillance et les armes autonomes ainsi que les voitures sans conducteur et une vaste gamme de services Internet, surtout que ces deux pays sont engagés dans une guerre commerciale de plus en plus âpre.
Cinq domaines clés constituent les objectifs de l'Initiative d'IA de la Maison-Blanche. Ce sont : la recherche et le développement, la mise à disposition des ressources, la mise en œuvre de normes étiques qui guideront le développement de « systèmes d'IA fiables, robustes, dignes de confiance, sûrs, portables et interopérables », l’automatisation et la collaboration internationale dans le cadre du développement de l’IA.
Selon Jason Furman, professeur à Harvard, ancien président du Conseil des conseillers économiques sous l’administration Obama qui a participé à la rédaction du rapport sur l'intelligence artificielle du gouvernement précédent, le plan était un pas dans la bonne direction, mais qu'il nécessitait des engagements concrets, au-delà des promesses, afin d'atteindre ses objectifs déclarés. « L'initiative américaine de l'administration en matière d'IA comprend tous les bons éléments, le test critique sera de voir s'ils y donnent suite de manière énergique », a déclaré M. Furman. « Le plan est ambitieux, sans détails et n'est pas auto-exécutoire. », a-t-il ajouté.
Selon le News York Times, le ministère de la Défense a accéléré ses efforts en faveur de l'insémination artificielle, transférant 75 millions de dollars de son budget annuel à un nouveau bureau chargé de développer ces technologies. D'autres organismes gouvernementaux ont également d'importants projets en cours. Mais les inquiétudes d’une éventuelle prédominance de la Chine dans le secteur demeurent chez plus d’un. Les inquiétudes sont davantage nourries lorsque Google s'est retiré d'un projet de construction d'IA pour le Pentagone et s’est engagé à ne plus travailler sur de telle technologie qui pourrait être utilisée à des fins mortelles. Ce qui est encore plus inquiétant, c’est que des entreprises comme Google étendent également leurs activités dans des pays comme la Chine, la France et le Canada, donnant ainsi un coup de pousse au développent des talents IA dans ces pays.
Toutefois, l'« American AI Initiative » constitue peut-être un départ qui va porter l’IA américain sur une nouvelle dimension et permettre aux Etats-Unis de conserver son leadership.
Source : The News York Times
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