La représentante Alexandria Ocasio-Cortez rejoint Bill Gates dans l’idée de taxer les robots
Et propose l'application d'un taux d'imposition de 90 %
Le développement de la robotique et de l’intelligence artificielle (IA) pourrait avoir pour conséquence l’accomplissement par des robots d’une grande partie des tâches autrefois dévolues aux êtres humains. Les robots et l’IA représenteraient, par conséquent, une menace pour certains emplois. Les opposants au développement rapide de l’IA sont unanimes avec cette idée selon laquelle le développement des robots et l’IA entraînera une pénurie d’emplois tandis que les plus optimistes soutiennent que le développement de cette technologie va créer plus d’emplois qu’il va en détruire.
D’un autre point de vue, le fait de remplacer des travailleurs par des robots, qui sont plus productifs et qui ne paient pas d’impôts, crée un manque à gagner pour les services de cotisation sociale, puisque l’employé mis au chômage ne sera plus en mesure de payer les charges sociales. D’où l’idée de prélèvement d’une taxe sur les robots promue par Bill Gates depuis plusieurs années, bien qu'il n'ait jamais proposé un taux spécifique.
Selon un article de Marketwatch publié ce mardi, Bill Gates aurait trouvé un allié à Washington pour son idée de taxer les robots, en la personne de la représentante démocrate de New York, Alexandria Ocasio-Cortez. Ocasio-Cortez, qui n’est qu’à son premier mandat, a rejoint le milliardaire et cofondateur de Microsoft, dans une intervention lors du festival de week-end à Austin, Texas, pour proposer à son tour le prélèvement d’une taxe en mentionnant l'application d'un taux d'imposition de 90 % sur les robots ou les entreprises qui les utilisent.
Le cofondateur de Microsoft et la représentante Alexandria Ocasio-Cortez ne s'entendent peut-être pas sur le montant des impôts que les riches devraient payer, mais ils sont sur la même longueur d'onde quand il s'agit de robots, même si Bill Gates ne sera probablement pas favorable à un taux aussi élevé.
Les robots, créés pour faire un large éventail de tâches habituellement effectuées par les humains, sont aujourd'hui considérés par certains analystes comme de véritables menaces pour l'emploi. Pour preuve, une récente étude menée en 2017 par le cabinet financier Cornerstone Capital Goup a révélé que rien qu’aux États-Unis, entre 6 et 7,5 millions d’emplois sont menacés de disparition dans les dix prochaines années à cause de l'accroissement de l'automatisation du travail dans le secteur du commerce au détail.
Le sujet en lui-même n’est pas nouveau. Mais, avec l’avancée actuelle des choses en informatique comme l’apprentissage machine, le « Big Data » et bien d’autres, les plus pessimistes ont de bonnes raisons de croire que l’IA finira par accomplir l’essentiel des tâches. Selon une étude Gartner, un emploi sur 3 sera pris par un robot ou un logiciel d'ici 2025.
« Bientôt, les capacités cognitives des applications pourront s’étendre à l’analyse financière et des données, et même aux diagnostics médicaux. Le travail intellectuel sera automatisé, de même que le travail physique avec des robots », selon Gartner, qui prévoit « qu’un emploi sur trois sera converti en logiciel, robot ou autre machine intelligente d’ici 2025. », a écrit Gartner dans son rapport, même si certains supporter de l’IA comme Mark Zuckerberg estime que l’IA sera une source de progrès pour les humains et refuse de croire aux scénarios catastrophiques de certains détracteurs de l’IA qu’il a qualifiés d’ailleurs comme étant « assez irresponsables ».
A cause de cet important impact social des robots prévu pour le futur, l’idée de les taxer est en train d’émerger. Bill Gates est revenu sur son point de vue selon lequel les robots qui remplacent les travailleurs humains devraient être taxés comme s'ils étaient eux-mêmes de vraies personnes, lors d’une interview en février dernier.
« À l'heure actuelle, le travailleur humain qui fait, disons, 50 000 dollars de travail dans une usine, ce revenu est imposé et vous obtenez l'impôt sur le revenu, l'impôt de sécurité sociale, toutes ces choses », a-t-il dit. « Si un robot vient faire la même chose, on pourrait penser qu'on taxerait le robot à un niveau similaire. »
Etant donné que les robots sont plus productifs que les humains, Gates trouve que même avec une telle taxe, les entreprises qui utilisent les robots à des postes qu’occupaient des humains s’en sortiront toujours gagnantes. Selon Gates, cette taxe pourrait également aider à ralentira le remplacement des humains par des machines et donnera plus de temps à la société pour s'adapter.
Le Parlement européen avait envisagé l’instauration de cette taxe en 2017, mais il a fini par abandonner la proposition, craignant que cela ne ralentisse l'innovation et ne désavantage le continent sur le plan économique. Selon la proposition du Parlement européen, les entreprises seraient tenues de déclarer le nombre de « robots intelligents » qu'elles utilisent ainsi que les économies réalisées en cotisations de sécurité sociale grâce à l'utilisation de la robotique en lieu et place du personnel humain. Elles devraient encore fournir une évaluation du montant et de la proportion des recettes de l'entreprise qui résultent de l'utilisation de la robotique et de l'intelligence artificielle. Ces informations devaient être utilisées « à des fins de fiscalité et de calcul des cotisations de sécurité sociale ».
Toutefois, les opposants à une telle taxe sur la robotique soulignent que les effets secondaires des changements technologiques sur les marchés du travail ont été surestimés, souvent de façon exagérée, depuis le début des années 1800. En effet, les changements entraînes par l’IA ne seraient pas aussi dramatiques comme le pensent les plus pessimistes. Selon Marketwatch qui prend l’exemple des États-Unis modernes, l'économie a créé près de 21 millions d'emplois au cours des huit dernières années et le taux de chômage est tombé à son plus bas niveau en 50 ans alors même que l'automatisation s'accélérait.
La perception de l’impact social des robots et de l’IA par la représentante Ocasio-Cortez
Dans sa déclaration lors de la South by Southwest Conference & Festival à Austin, Mme Ocasio-Cortez, a dit qu'elle se réjouissait d'un avenir où les robots remplaceraient les gens et libéreraient les humains pour plus de temps libre. « Nous ne devrions pas nous sentir nerveux à l'idée que le percepteur de péage n'ait plus à percevoir les péages », a-t-elle déclaré. « On devrait être excités par ça. »
Selon elle, le plus gros problème se situe plutôt au niveau des entreprises qui ne paient pas aux travailleurs le montant d'argent égal au profit qu'ils tirent de leur travail. « Nous devrions travailler le moins que nous ayons jamais travaillé, si nous étions réellement payés en fonction de la richesse que nous produisions », a-t-elle dit. « Mais nous ne le sommes pas. Nous sommes payés sur le peu que nous sommes assez désespérés pour accepter. Et puis le reste est écrémé et donné à un milliardaire », a-t-elle ajouté.
C’est de là que part la divergence entre le milliardaire Bill Gates et la représentante Ocasio-Corte. Selon Ocasio-Cortez, l'impôt marginal sur les personnes ultra-riches comme Bill Gates devrait être plus élevé (70 %) au lieu du taux de 37 % actuellement pratiqué. Si le riche cofondateur de Microsoft est d’accord pour que les riches paient davantage d’impôts, il a qualifié un taux de 70 % d' « extrême » et a déclaré que les riches trouveraient des moyens de l'éviter.
Les États-Unis n'ont pas sérieusement envisagé une telle taxe pour l’instant, toutefois selon un article de CNBC publié en octobre 2017, la ville de San Francisco serait en train de travailler à l’établissement des impôts sur salaires et des charges sociales pour l'utilisation de robots.
Source : Marketwatch
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