Projet Aurora : les USA s'associent à Intel et Cray pour concevoir l'ordinateur le plus rapide du pays
d’une valeur estimée à 500 millions USD
Le gouvernement américain vient d’annoncer une nouvelle initiative dans la construction d’ordinateurs puissants et hautement performants. Il s’est allié avec Intel, l’un des plus grands fournisseurs de semi-conducteurs dans le monde et l’entreprise Cray qui est elle spécialisée dans la construction de machines ultrarapides. Ensemble, ils travaillent sur un supercalculateur baptisé Aurora censé être d’ici 2021 l’ordinateur le plus rapide du pays et dans le monde. Dans un contrat d’une valeur marchande de 500 millions de dollars qui le lie à Intel et Cray, le gouvernement américain veut propulser son impact dans le monde des superordinateurs capables de réaliser des milliards de calculs par seconde. C’est du moins ce qu’a annoncé conjointement le ministère de l’énergie américain et le laboratoire d’Argonne près de Chicago cette semaine, selon Reuters et le New York Times (NYT).
Ce contrat de 500 millions de dollars pour le projet appelle les entreprises à fournir un ordinateur doté de performances dites exaflop, c’est-à-dire qu’elles sont capables de réaliser de très grands calculs variés par seconde. Si l’on se réfère à la définition de l’exaflop, un tel ordinateur sera capable de réaliser plus d’un milliard de milliards d’opérations par seconde. Il s’agit d’un pari qui va peut-être faire réagir ses concurrents de tous les temps dans ce domaine, le Japon ou la Chine. Si le projet aboutissait, explique Reuters, Aurora représenterait un saut de presque un ordre de grandeur par rapport aux machines existantes dotées de performances dites de pétaflops, capables de réaliser 1 quadrillion de calculs à la seconde. Le gouvernement américain veut utiliser Aurora pour la conduite d’armes nucléaires (simulation d’explosions et pilotage) et des recherches scientifiques avancées.
« Aurora sera construit avec des capacités d'intelligence artificielle pour des projets comme le développement de meilleurs matériaux pour les batteries. Il aidera à prévenir les suicides et bien d'autres choses encore », a expliqué Rick Stevens, directeur du laboratoire d'Argonne, supervisant le projet informatique Exascale. Les responsables du laboratoire prévoient que ce sera la première machine américaine à atteindre le jalon exascale, une performance qui pourrait bien atteindre le quintillion de calculs par seconde. Selon le NYT, ce nombre représente environ sept fois la vitesse du système le plus puissant construit à ce jour, soit 1000 fois plus rapide que les premiers systèmes petascale qui ont commencé à arriver en 2008.
Les financiers du projet espèrent que les nouvelles machines permettront aux chercheurs de créer des simulations beaucoup plus précises de phénomènes tels que les réactions aux médicaments, les changements climatiques, le fonctionnement interne des moteurs à combustion et des panneaux solaires. D’un côté, ce partenariat va permettre à Intel d’appartenir une aventure menant à un supercalculateur doté d’une telle performance, mais également, cela lui permettra de déployer la puissance de ses puces de processeur Xeon, l’architecture de calcul X et l’API ONE d’Intel et ses puces de mémoire Optane. D’un autre côté, ce constat permettra à Intel de reprendre peut-être de l’avance sur ces concurrents.
À son niveau, Cray apportera son système de superordinateurs Shasta, qui comprend plus de 200 armoires et l’interconnexion Slingshot. Les systèmes Shasta sont conçus pour prendre en charge simultanément plusieurs charges de travail exascale, offrant ainsi une grande puissance pour la simulation, la modélisation, l'IA et les analyses avancées. Selon Cray, avec Shasta et Slingshot, l’interconnexion de calcul intensif, évolutive et à haute vitesse ingère efficacement les données de l’extérieur du système puis les déplace efficacement à l’intérieur. Reuters rapporte en effet, que les puces de Nvidia, un concurrent direct d’Intel, se trouvent dans cinq des 10 plus gros supercalculateurs actuels du monde. Le supercalculateur Summit du laboratoire national Oak Ridge du Tennessee, actuellement le plus puissant au monde, contient des puces de International Business Machines Corp et de Nvidia.
Cela dit, ce supercalculateur qui ne fonctionnera qu’avec les puces d’Intel lui fera certainement porter le chapeau du principal fournisseur de puce pour le premier des supercalculateurs dans le monde. De plus, même si d’autres pays ont également annoncé des ordinateurs avec de telles performances à partir des années 2020, certains indiquent que les États-Unis veulent se placer comme le premier d’entre eux à atteindre la performance de l’exascale. Néanmoins, d’autres experts estiment que la Chine pourrait dévoiler d’ici l’entame de l’année 2020, son premier supercalculateur exascale jugé 50 fois plus puissant en matière de calcul et d'analyse que le Summit actuellement considéré comme le premier de sa catégorie. Si cela arrive, la Chine devancerait encore une fois les États-Unis. La rivalité est donc intense, tant à être la première nation à atteindre la technologie et être la première personne à la déployer.
Avec la quantité de données à traiter aujourd’hui, le big data et les mégadonnées, et la complexité dont elles font preuve, il faut nécessairement un outil de traitement plus adéquat. L’informatique exascale semble être pour l’heure la meilleure ressource vers laquelle il faut courir. À part la Chine, le Japon aussi espère avoir un ordinateur exascale opérationnel d’ici 2021. Selon la rumeur, en Europe les scientifiques prévoient le déploiement des ordinateurs de performance exascale de classe mondiale entre 2022 et 2023. Aurora, vu comme le prochain superordinateur le plus puissant au monde sera construit et livré d’ici 2021 au laboratoire d’Argonne par Intel et le sous-traitant Cray Computing. Aurora sera utile, prévoient ses financiers, pour la recherche scientifique avancée (pour les vaccins, les matières premières, etc.) et l’innovation, pour stimuler l’ingéniosité, pour renforcer les connaissances dans le domaine de l’IA (apprentissage automatique et en profondeur), l’analyse de données (issues des télescopes, les accélérateurs de particules et d’autres détecteurs), mais aussi dans l’armement nucléaire.
Source : Reuters
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