La police britannique offre aux hackers adolescents des emplois de « seconde chance » dans la cybersécurité
une initiative à encourager ?
Bluescreen IT est une société de cybersécurité située à Plymouth dans le sud-ouest de l'Angleterre et qui a un lien très particulier avec la police pour trouver des pirates qui ont besoin d'orientation. En effet, Bluescreen IT emploie des pirates informatiques jugés dignes d'une seconde chance par les autorités, qui opposent leur intelligence à certains des criminels en ligne anonymes qu'ils considéraient comme des frères d'armes. Ces jeunes ont tous été accusés de crimes graves, mais au lieu d’être jugés par le système de justice pénale, ils se sont vu offrir une seconde chance.
L'entreprise compte actuellement une quinzaine d'employés parmi lesquels une poignée a été qualifiée de pirates informatiques qui ne sont pas de nature malveillante et qui sont jugés capables de réforme. Cette collaboration entre la police et cette société entre dans le cadre d'un programme de la police qui a pour objectif d'essayer de développer des personnes. C'est pourquoi dans cette société de cybersécurité, on retrouve non seulement ces jeunes hackers, mais également des agents de la police qui suivent eux aussi des cours sur la sécurité dans le cadre de leur propre développement professionnel.
Ces pirates sont pour la plupart arrêtés très jeunes. C'est le cas de Cameron qui a été arrêté alors qu'il n'avait que 14 ans et qui raconte comment il a vécu cette arrestation : « J'allais à l'école quand j'ai entendu quelqu'un m'appeler par mon nom. Je me suis retourné et il y avait un homme en costume marchant derrière moi. Puis je l'ai entendu prononcer mon nom plus fort, alors je me suis retourné et c'est à ce moment-là qu'il m'a dit que j'étais en état d'arrestation. Je me suis retourné et il y avait cinq autres officiers éparpillés dans l'herbe. Je n'avais tout simplement pas réalisé que ce que j'avais fait était si grave. Ce n'était qu'une blague pour déconner. Je n'ai jamais voulu vraiment causer un préjudice. J'ai vite découvert à quel point c'était grave. »
Pour son arrestation, les officiers de l'Agence nationale du crime avaient planifié leur action pour que Cameron soit sorti de la maison et incapable de détruire ses disques durs au cas où il les entendrait venir. Aujourd'hui, Cameron comme beaucoup d'autres jeunes dans la même situation que lui, met ses compétences à profit pour contrer les attaques menées par d'autres hackers contre les entreprises clientes de Bluescreen IT, en se servant des méthodes qu'il utilisait auparavant pour causer les mêmes ravages.
La société compte déjà plusieurs clients qui sont principalement des petites et moyennes entreprises. Celles-ci reçoivent des noms de code comme Black Mamba ou Green Starfish. L'atmosphère de travail y est plutôt détendue, mais c'est un travail sérieux qui y est effectué. L'entreprise vient d'ailleurs de remporter une partie d’une subvention d'environ 600000 euros du Ministère de la Culture, des Médias et des Sports.
Dans cette entreprise, ces jeunes hackers bénéficient d'une formation et d'un encadrement qui leur permettront d'être plus utiles à la société. À leurs débuts, ils gagnent environ 760 euros par mois, mais après cinq ans d'expérience, ils pourraient facilement gagner près de 60000 euros par an. L'entreprise, qui accueille plusieurs profils de jeunes et parfois même des autistes, a dû se réorganiser et adapter sa façon de traiter les gens pour leur offrir un cadre de travail agréable à chacun d'eux.
Bluescreen se voit comme un lieu de développement pour les jeunes, leur donne une seconde chance et un refuge pour ceux qui n’ont nulle part où aller. D'ailleurs Richard Cashmore, le directeur général de la société, a exprimé sa satisfaction en ces termes : « Cela a été un voyage très difficile pour nous et une courbe d'apprentissage énorme. C’est pour moi une grande fierté quand ils obtiennent des qualifications reconnues dans le secteur. »
Source : BBC
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