OS/2 d’IBM : le système d'exploitation oublié qui maintient le métro de New York en vie
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Quand on construit quelque chose d’aussi important que l’infrastructure du métro d’une ville comme New York, il faudrait que tout se passe sans accro et que le public dans sa grande majorité accueille favorablement le nouveau concept, car dans ce domaine la moindre erreur peut très vite entrainer des pertes financières colossales et perturber la vie de millions de personnes.
Au début des années 90, le MTA (ou Metropolitan Transit Authority), l’entreprise privée chargée de la gestion des transports publics dans la ville de New York et son agglomération, avait besoin d’une solution pour se défaire du système de paiement classique par pièces de monnaie pour le métro. La solution idéale devait également permettre au métro new-yorkais d’embrasser l’ère du numérique. Le MTA, à cette époque, a misé sur une solution qui était basée sur l’un des échecs les plus médiatisés du géant IBM : OS/2.
Pour rappel, OS/2 est le système d’exploitation conçu par IBM à la fin des années 80, puis lancé au début des années 90 pour concurrencer Windows 95. Même s’il était considéré sur le plan technique comme un OS plus avancé que ses concurrents de l’époque, en l’occurrence Windows 95 et Windows NT, OS/2 n’a pas connu le succès escompté dans le segment grand public et il a été progressivement abandonné par IBM. Cet OS a néanmoins réussi à s’imposer comme une solution robuste capable de gérer et de prolonger la durée de vie des systèmes industriels et d’entreprise pour des usages précis. Certains acteurs de l’industrie technologique ont donc continué à miser dessus. La société Arca Noae, par exemple, a lancé le projet ArcaOS qui s’est concrétisé en 2017 par la sortie de ArcaOS 5.0, un système d’exploitation payant basé sur OS/2 capable d’exécuter des applications OS/2, Windows 3.1 et DOS natives. Arca Noae verse des royalties à IBM dans le cadre ce projet et promet aux utilisateurs de son OS des mises à jour régulières pour les pilotes (ACPI, USB, réseaux...) et les logiciels.
Le MTA a opté pour OS/2 et sa solution basée sur l’OS d’IBM a fonctionné pendant des décennies, en tant que l’un des composants logiciels clés d’un système assez complexe. C’est ainsi que la fameuse MetroCard, une fine tranche de plastique jaune aux allures de cartes de crédit avec une bande noire proéminente, vit le jour. Depuis son introduction en 1993, la MetroCard est devenue l’un des produits incontournables qu’on retrouve dans le portefeuille des New-Yorkais.
Neil Waldhauer, consultant chez MTA, a déclaré à ce propos que le choix du MTA s’était porté sur une solution qui « semblait être un choix sûr pour l’avenir ». Il a souligné qu’à l’heure actuelle, « OS/2 est principalement utilisé comme interface entre une base de données mainframe sophistiquée et les ordinateurs simples utilisés dans les équipements dédiés au métro et aux bus pour une utilisation quotidienne ».
Une étude a révélé que 5,7 millions de personnes en moyenne ont pris le métro de New York un jour de semaine au cours de l’année 2016. Le monde s’avançant inexorablement vers une nouvelle étape de sa transformation numérique, le MTA semble désormais convaincu que la MetroCard ne répond plus à ses attentes. Il a clairement fait savoir qu’il souhaitait éliminer progressivement la MetroCard au profit de systèmes de paiement sans contact basés sur des dispositifs utilisant les technologies de radio-identification et de communication en champ proche (carte bancaire, porte-clés, carte à puce, smartphone, montre connectée…) afin d’effectuer des transactions.
Neil Waldhauer espère malgré tout que rien n’est perdu pour OS/2, dont il met avant la robustesse, même s’il est persuadé que des utilisateurs du métro new-yorkais ont déjà réussi à pirater le système actuel : « tant que la MetroCard sera acceptée dans le système, OS/2 fonctionnera toujours ». Le MTA pourrait toujours inclure une version connectée et mieux sécurisée de la MetroCard actuelle dans son nouveau lot de solutions de paiement. Par ailleurs, le passage des pièces de monnaie à la MetroCard a pris des années et n’a pas été facile. Les pièces ont été officiellement éliminées en 2003, alors que la MetroCard a été introduite 10 ans auparavant. La MetroCard de MTA et OS/2 de Big Blue devraient donc encore avoir de beaux jours devant eux.
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