L'empreinte carbone des entreprises du numérique est loin d'être négligeable : les centres informatiques américains requièrent, à eux seuls, une petite vingtaine de réacteurs nucléaires (à raison d'un gigawatt par réacteur). Greenpeace lançait déjà un avertissement en 2010 : la consommation électrique est trop importante. En 2017, l'ONG a émis un rapport mis à jour sur les services les plus écologiques : Facebook, Google et Apple faisaient partie des meilleurs élèves, contrairement à Amazon.
Comment en sont-ils arrivés là ? En 2011, Facebook a ouvert son premier centre informatique en Europe, mais pas n'importe où : en Suède, ce qui lui permet d'avoir accès à de l'hydroélectricité (pas forcément aussi écologique qu'on pourrait le croire, pourtant…). Google investit dans l'éolien, Microsoft dans le solaire. Apple promet, dès 2012, de ne plus dépendre que de sources d'énergies renouvelables, jusque dans ses boutiques.
Il paraît normal de se demander s'il s'agit d'un effet Greenpeace ou d'une potentielle nouvelle source de revenus… En effet, les énergies renouvelables fonctionnent très différemment des autres centrales électriques : on peut prédire la production d'électricité, mais on ne peut pas la moduler en temps réel selon les besoins (comme on peut le faire avec une centrale au gaz ou au charbon — le nucléaire étant une exception, vu qu'il fonctionne presque toujours à plein régime). Pour pallier ces inconvénients, bon nombre de technologies ont été développées, comme des batteries pour le stockage d'électricité (stocker quand on produit trop, utiliser les réserves quand on ne produit pas assez), la maîtrise de la demande en électricité (le réseau demande aux usines de consommer plus ou moins en fonction de la production — demand-side management), mais aussi les microréseaux.
La plupart des réseaux électriques actuels sont de très grande taille, fortement interconnectés entre pays : c'est une infrastructure très lourde et très chère à maintenir. Créer un tel réseau de zéro est parfois hors de prix, notamment en Afrique subsaharienne : certaines régions sont passées au concept de microréseau, avec une infrastructure très limitée en surface. On peut donc avoir un microréseau à l'échelle d'un parc d'activités (quelques entreprises), d'un quartier, ce qui limite les besoins en matériel. Selon les cas, ce microréseau peut être connecté au réseau global (la production locale servant à absorber les pics de production, qui nécessitent de surdimensionner les compteurs électriques, notamment), mais ce n'est pas nécessaire.
En résumé, un microréseau est constitué d'une capacité de production d'électricité (hydroélectricité, panneaux solaires, éoliennes, cogénération, batteries, etc.) ou d'autres énergies (chaleur extraite des ordinateurs, par exemple), de consommateurs (particuliers ou entreprises) et d'une infrastructure reliant le tout (câbles électriques, convertisseurs entre courant alternatif et continu, etc.). Ensuite, on peut ajouter, par exemple, un contrôleur intelligent (EMS) pour décider qui peut consommer l'énergie produite, en fonction des besoins de chacun.
Et les GAFA ? Ils doivent déjà construire un microréseau (par centre informatique), avec la production, la consommation et l'infrastructure. Ils pourraient donc, à moindres frais, étendre ces microréseaux à leurs voisins et leur vendre des services (électricité, chaleur). Pour preuve, Microsoft et Facebook se sont alliés pour la recherche dans les microréseaux : ils ont créé une structure qui doit réunir cinquante millions de dollars d'ici à 2020.
Source : Pourquoi les géants de l'Internet misent sur les énergies renouvelables.
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