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Gnomial
3. Lire le code d’autres développeurs est une activité difficile
Quand le développeur écrit son programme, il a son propre "environnement de réflexion". Soit il a créé le code de A à Z, soit il a déjà pris connaissance du code précédent (et si ce n'est ni l'un, ni l'autre, chapeau
). Il est donc implicite que
la personne qui va relire le code n'aura pas la même réflexion, ni la même image d'ensemble du code que le développeur précédent. Un code qui peut nous paraître simple à "déchiffrer" peut paraître tout aussi compliqué à autrui. Je pense que peu importe
qui écrit du code, il sera toujours difficilement intégrable à notre propre réflexion.
C'est comme décrire un endroit que tu as visité le mois dernier à Châteauroux : tu as l'image d'ensemble, tu sais à quoi ça ressemble.. mais la personne en face
s'en fout cherchera à s'imaginer l'endroit et ça ne ressemblera jamais exactement à ce que tu essaies de décrire.
Source : CHANGER D’ALTITUDE - Bertrand PICCARD
Ce que nous croyons être un dialogue entre deux individus, n'est en réalité que deux monologues. Le premier a lieu entre nous-même et notre imaginaire et le second entre notre interlocuteur et son propre imaginaire.
Quand on parle à quelqu’un, les mots que l’on prononce correspondent, lorsqu’ils sortent de notre bouche, à une image, une émotion ou une représentation que l’on pense être très claires et univoques dans notre esprit. Du côté de notre interlocuteur, il n’en sera pas de même. Les mots arriveront soit sur un terrain vierge, où ils devront être décodés, puis interprétés, soit sur un terrain familier, où ils seront tout de suite associés à des images, émotions ou représentations personnelles, qui peuvent se révéler différentes des nôtres. À défaut d’expérience commune, notre interlocuteur essayera de construire la situation dans son imagination, mais nous devrons rester conscients du décalage inévitable que cela engendrera.
Une idée ou un ressenti qui passe dans notre conscience sera traduit en mots (première déformation) pour être communiqué à notre vis-à-vis (deuxième déformation). Ce dernier comprendra les mots comme il peut (troisième déformation) pour les retraduire en idées ou ressentis (quatrième déformation) qui seront intégrés en fonction de son propre vécu (cinquième déformation).
Il faut bien comprendre que quelqu’un qui entend nos paroles, il les passe au filtre de ce qu’il est prêt à comprendre, qu’il essaie de les intégrer en fonction de son propre vécu pour ensuite se créer une représentation mentale de ce que l’on a voulu dire.
Des mots, des phrases ont certes été perçus mais leur sens n’a pas été identique pour l’émetteur et le récepteur. D’un côté comme de l’autre, les sources de déformations et de distorsions sont multiples et comme nous négligeons le plus souvent de nous enquérir de ce que l’autre a compris, nous vivons régulièrement dans des mondes parallèles. Ce n’est qu’en cherchant à percevoir ce que l’autre a réellement compris et en comparant les expériences personnelles de chacun face à un même sujet que l’on peut commencer à communiquer. Pas avant !
Dans notre rapport à l’autre, nous devons abandonner l’idée d’une réalité unique et comprendre la communication comme un partage d’expérience et non comme un échange d’informations.
Chacun fabrique l’autre par projection. Il s’en suit un décalage qui peut devenir abyssal. La projection peut être positive ou négative se faire par idéalisation ou par rejet. Dans les deux cas, ne pas en être conscient engendre une bonne partie de nos problèmes relationnels.
En réalité, il importe moins de savoir ce que pense, ce que dit quelqu’un que pourquoi il le pense, il le dit. Les désaccords peuvent faire peur et il est très confortable d’être d’accord, les similitudes rassurent mais ça ne sert à rien. Chacun a de bonnes raisons de dire ce qu’il dit en fonction de son vécu. On s’enrichit mutuellement au contact du vécu de l’autre. Rejeter les divergences, chacun prouvant qu’il a raison et l’autre tort, rend les relations difficiles, voire même inutiles.
Il y a trois règles pour construire une relation :
- Parler de son ressenti…
Lorsque l’on dialogue, nous n’avons pas à juger le comportement de l’autre, la règle d’or consiste à exprimer ce que l’autre provoque en nous, ce que nous ressentons vis-à-vis de son attitude.
- Partager des expériences…
On communique véritablement quand on partage des expériences personnelles, pas quand on transmet des informations.
Si nous n’apprenons rien de nouveau sur l’autre ou sur nous-même dans une discussion, ou que pire encore notre seul but est de persuader l’autre qu’il a tort, nous ne communiquons pas, nous transmettons des informations qui ne peuvent que susciter le rejet de quelqu’un de différend et l’approbation de quelqu’un de similaire.
Une expérience est unique ; elle appartient à celui qui en fait part et à personne d’autre, jusqu’à ce que l’interlocuteur en saisisse le caractère spécifique. Il est donc important pour faire passer notre message d’expliquer simultanément d’où provient notre avis et sur quelle expérience nous nous fondons car soit notre discours devra être décodé puis interprété, soit il sera associé à des images, des émotions ou représentations personnelles qui peuvent se révéler différentes des nôtres.
Les mots, les phrases sont certes perçus mais leur sens n’est pas identique pour l’émetteur et le récepteur. La transmission de notre pensée subit plusieurs déformations :
- Une idée ou un ressenti qui passe dans notre conscience est d’abord traduit en mots,
- Communiqués à notre interlocuteur, ce dernier comprend, filtre les mots comme il peut et les retraduit en idées ou ressentis,
- Il s’en crée pour finir une représentation mentale qu’il intègre en fonction de son propre vécu.
À défaut d’expériences communes, nous essayons de construire la situation dans notre imagination.
- Réaliser qu’il y a autant de réalités différentes que d’individus…
Cela signifie que la plupart des conflits sont aussi vains qu’inutiles.
Comme nous négligeons de nous enquérir de ce que l’autre comprend, nous vivons régulièrement dans des mondes parallèles. Il nous appartient de choisir si nous préférons résister face à des manières différentes de fonctionner ou développer la liberté de découvrir d’autres façons de penser.
CHANGER D’ALTITUDE - Quelques solutions pour mieux vivre sa vie - Bertrand PICCARD - Octobre 2014
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