Commission d'enrichissement de la langue française : ne dites plus « hackathon », mais « marathon de programmation »,
voici la nouvelle vague de traductions proposées
La Commission d’enrichissement de la langue française a publié au Journal officiel une nouvelle série de traductions s’imposant à toutes les administrations. Ainsi, atelier numérique ouvert, désigné comme étant le « lieu physique ou espace en ligne ouvert aux spécialistes et aux passionnés de technologies numériques, notamment de programmation, qui est destiné au partage de savoir-faire et de ressources », sera préféré à hackerspace, hacklab, hackspace. La Commission note que l'atelier numérique ouvert favorise notamment l'émergence de nouvelles pratiques ou la création d'outils informatiques.
La Commission vient avec bloqueur de publicités qui désigne un module d'extension d'un navigateur dont la tâche est de repérer les messages publicitaires et d'en empêcher l'affichage. Ce groupe de mots sera préféré à adblocker. Elle note qu'un bloqueur de publicités fait appel à des moteurs d'inférence et à des techniques d'apprentissage automatique, mais aussi qu'un bloqueur de publicités réajuste en permanence ses techniques de détection en fonction des contremesures prises par les régies publicitaires.
Il faut dire que les bloqueurs de publicité ont été sous les feux des projecteurs ces dernières années. En effet, depuis 2015, l’Allemagne est le terrain de jeu d’une lutte sans merci entre Eyeo, la société derrière Adblock Plus, et les éditeurs allemands. Comme son nom le suggère, Adblock Plus vient filtrer les annonces diffusées par les régies qui ne figurent pas sur la liste blanche d’entreprises diffusant des annonces jugées « acceptables ».
Cependant, Eyeo, la société derrière Adblock Plus, a été plusieurs fois au centre de la controverse. Par exemple, les grands annonceurs lui ont reproché le fait d’exiger d’eux qu’ils payent pour figurer sur la liste blanche, à un taux standard de 30 %. D’ailleurs le fait même de payer ne les plaçait pas automatiquement sur la liste blanche puisqu’ils devaient également produire des annonces qui répondaient favorablement aux critères standard d’acceptabilité. L’éditeur s’est défendu en affirmant qu’il fallait bien couvrir les frais connexes et que 90 % des sites qui figurent sur la liste le sont gratuitement.
Il n’empêche que l’entreprise a remporté presque toutes ses batailles, tenant bon face à une industrie qui tente de rendre illégale son activité de blocage de publicités, évoquant des manques à gagner substantiels en termes de revenus publicitaires.
Le centre de données, site physique où sont regroupées des infrastructures informatiques et de télécommunication destinées à stocker, à traiter ou à distribuer des données de façon sécurisée, sera préféré à data center. La Commission note :
- qu'une organisation peut posséder son ou ses propres centres de données ou recourir à ceux d'un prestataire de services ;
- que l'informatique en nuage recourt aux centres de données ;
- la taille de certains centres de données nécessite leur implantation à proximité d'une source d'énergie importante et d'une dorsale.
Les centres de données ont eux aussi fait couler de l'encre. Nous pouvons prendre l'exemple de Kaspersky. En réponse aux actions des États-Unis, en Grande-Bretagne et même de la Lituanie qui ont décidé de bannir ses produits d’une utilisation de leurs fonctionnaires, l'éditeur de la solution antivirus du même nom a décidé d'ouvrir un centre de données en Suisse. L’objectif est de répondre aux préoccupations des gouvernements occidentaux qui pensent que la Russie exploite son logiciel antivirus pour espionner ses clients. Il faut comprendre que ce centre de données inclut la « chaîne de montage de logiciels », les serveurs qui stockent et traitent les données de Kaspersky Security Network et le tout premier Centre de transparence, c'est ce qu'a laissé entendre l'équipe de la firme. Toujours selon l'équipe Kaspersky, le déménagement d'infrastructure vers la Suisse permettra de compiler et signer des produits de la firme sous la supervision d’une organisation tierce, avant de les distribuer aux utilisateurs.
La Commission propose également expérience utilisateur, désignant l'ensemble des impressions que l'utilisateur retire de son interaction avec un dispositif numérique et qui tiennent à l'interface et aux fonctionnalités de ce dispositif à la place de user experience (UX). Elle note que l'expérience de l'utilisateur est prise en compte dans la conception et l'évolution des dispositifs numériques.
Les fonctionnaires vont devoir préférer gestion de versions, qui désigne l'ensemble de techniques qui permettent de conserver les modifications successives d'un logiciel ou d'un document et leur historique ainsi que d'en restituer toute version antérieure, à versioning. Marathon de programmation, le rassemblement de développeurs, organisés par équipes, ayant pour objectif de fournir, en une ou deux journées, un prototype d'application, de service en ligne ou de produit, doit être préféré à hackathon.
Synthèse vocale de texte, la conversion automatique d'un texte en un énoncé oral, qui recourt notamment aux techniques de traitement automatique des langues naturelles et de production de la parole, doit être préféré à text-to-speech (TTS). Transcription automatique de la parole, conversion automatique d'un énoncé oral en texte, qui recourt notamment aux techniques de traitement du signal et de traitement automatique des langues naturelles, sera préféré à speech-to-text (STT)
Source : journal officiel
Et vous ?
Que pensez-vous des propositions de la Commission ?
Certaines traductions comme bloqueur de publicité, expérience utilisateur ou centre de données ne vous semblent-elles pas venir un peu tard dans la mesure où elles étaient déjà entrées dans les usages depuis longtemps ?
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