Riot Games payera 10 millions de dollars aux employées,
En règlement d’un procès pour discrimination sexuelle
Riot Games, développeur de jeux vidéo à l’origine de "League of Legends", versera 10 millions de dollars à la plupart des femmes qui ont travaillé pour l'entreprise depuis 2014 pour régler une action collective intentée au nom de ces employées, qui allèguent que la culture de l'entreprise a entraîné une discrimination sexuelle systémique. En août dernier, Riot avait annoncé ce règlement à l'amiable concernant des allégations généralisées de harcèlement sexuel, de discrimination et d'inégalité salariale dans la société. Mais un document de proposition de règlement déposé cette semaine donne plus de détails sur le règlement.
En novembre 2018, Riot Games a été poursuivi en justice par les employées Melanie McCracken et Jessica Negron, qui ont allégué des violations de la loi californienne sur l'égalité salariale et des pratiques de discrimination et de harcèlement sexuel de la part de la société, a rapporté Los Angeles Times. Selon le quotidien, les plaignantes allèguent que de nombreuses femmes travaillant à Riot Games, pendant plusieurs années, n'ont pas reçu une rémunération égale et ont vu leur carrière étouffée. Le procès a fait suite à une enquête détaillée menée par Kotaku, un blog spécialisé dans la publication de jeux vidéo, sur la culture de partialité présumée de Riot Games à l'égard des femmes.
Le document de règlement qui résume aussi les arguments contre Riot, accuse l’entreprise d'avoir payé des femmes moins que des hommes dans une situation similaire, d'avoir placé des femmes dans des emplois moins bien rémunérés, d'avoir fait passer des femmes pour des promotions plutôt que des hommes dans une situation similaire, et « de créer, encourager et maintenir un environnement de travail qui expose ses employés femmes à la discrimination, au harcèlement et aux représailles en fonction de leur genre ou sexe ».
Selon la proposition de règlement soumise à validation du juge, toutes les employées et anciennes employées de Riot qui travaillaient dans l'entreprise depuis novembre 2014 seraient admissibles à une indemnisation, soit environ 1 000 femmes. Ces employés se partageraient environ 6,2 millions de dollars, après la prise en compte d'autres coûts, y compris les honoraires des avocats – qui sont prêts à percevoir environ un tiers du règlement (3,3 millions de dollars). Cela signifie que la plupart des membres du groupe recevront au moins 5 000 dollars, selon les documents judiciaires, avec des paiements spécifiques en fonction de la durée d'emploi, sur les cinq ans, et de la situation professionnelle de chaque employé.
Riot Games, est une filiale de Tencent Holdings spécialisée dans les services internet et mobiles et basée à Shenzhen en Chine. L’entreprise a été fondée en 2006 par Brandon Beck et Marc Merrill et est actuellement dirigée par Nicolo Laurent. Riot affirme qu'elle compte plus de 2 500 employés dans ses bureaux à travers le monde et a réalisé un chiffre d'affaires estimé à 1,4 milliard de dollars en 2018.
Le règlement proposé intervient au moment où l’éditeur de jeux vidéo se lance dans d'importants projets d'expansion au-delà de son activité principale, la League of Legends. Ces plans comprennent un jeu de cartes compétitif, un jeu de tir tactique, un jeu de combat, un jeu d'action en vue objective, et une série animée se déroulant dans l'univers League of Legends.
Des « efforts de remédiation » déployés par Riot Games avant même la poursuite judiciaire
Le document de proposition de règlement reconnaît, toutefois, les « efforts de remédiation » que Riot a déployés avant même qu'une action en justice n'ait été intentée sur ces questions. Il s'agit notamment de « la révision de son processus d'entrevue et de recrutement afin d'assurer l'équité, l’amélioration de la description des postes et les titres afin d'accroître la transparence, la création d’une ligne téléphonique anonyme pour que les employés puissent signaler les problèmes de discrimination et l’offre d’une formation obligatoire anti-biais, entre autres choses ».
Un porte-parole de Riot Games a déclaré à Los Angeles Times :
« Nous sommes heureux d'annoncer que nous avons finalisé l'accord de règlement proposé pour résoudre le recours collectif contre Riot, et que les documents relatifs au règlement ont maintenant été déposés par les avocats des demandeurs ». « Bien qu'il s'agisse d'une autre étape importante de notre cheminement, il est important de noter que l'entente de règlement est préliminaire et qu'elle est assujettie à la surveillance et à l'approbation de la Cour. Nous attendons avec impatience le règlement final de cette affaire et poursuivons sur notre lancée », a-t-il ajouté.
Riot n’est pas la première entreprise qui pratique la discrimination basée sur le genre au travail. Une analyse des données sur la masse salariale chez Oracle aurait révélé des disparités avec un « degré extrêmement élevé de signification statistique ». Le rapport d’analyse a révélé en janvier que des milliers de femmes auraient été systématiquement sous-payées au sein de cette société. Cette découverte a conduit au dépôt d’une requête motivée par des allégations de discrimination salariale généralisée devant la justice californienne incriminant Oracle.
Les avocats représentant l’ensemble des victimes présumées (plus de 4200 femmes) alléguaient que les employées recevaient en moyenne 13 000 USD par an de moins que les hommes effectuant un travail similaire. Google et Oracle avaient déjà été poursuivis par le Département américain du Travail (DoL), qui est chargé de faire respecter les lois en matière d’égalité de rémunération des entreprises ayant passé des contrats avec le gouvernement fédéral, pour les mêmes motifs.
Le règlement proposé de 10 millions de dollars est en attente de l'approbation du tribunal. Selon un commentateur du sujet, à part les efforts de remédiation énumérés plus haut, Riot Games aurait dû prendre d’autres initiatives significatives pour montrer sa bonne foi, comme le fait d’augmenter le salaire des femmes ou de les promouvoir à des postes pour lesquels la société leur a refusé une promotion pendant cinq ans.
Sources : Proposition de règlement
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