Tim Cook, DG d'Apple, affirme que les monopoles ne sont pas mauvais tant qu’il n'y a pas d’abus
Et insiste sur le fait qu'Apple n'est pas en situation de monopole
Tim Cook, DG d’Apple, a défendu l’existence des monopoles dans les affaires tout en niant qu’Apple détient un monopole dans un quelconque secteur. Dans un interview accordé ce mercredi au Nikkei Asian Review à Tokyo au cours de laquelle Cook a abordé une série de sujets, dont le traitement des concurrents par Apple, il a déclaré qu’un monopole « n’est pas mauvais en soi s’il n’y a pas d’abus ».
« La question pour ces compagnies est, est-ce qu’elles en abusent », a-t-il précisé avant d’ajouter : « C’est aux régulateurs de décider, pas à moi de décider ».
Le patron de la firme de Cupertino a insisté sur le fait qu’Apple n’était pas en situation de monopole - une ligne qu’il a maintenue pendant toute la durée de son mandat, malgré les nombreuses plaintes de comportement anticoncurrentiel déposées par les fournisseurs d’applications qui concurrencent ses services.
L’une de ces accusations alléguant des comportements antitrust est venue du service de diffusion de musique en continu Spotify, qui a déposé une plainte auprès de la Commission européenne en mars dernier.
Spotify n’était pas satisfait de la redevance de 30 % que Apple perçoit sur les abonnements effectués depuis l’App Store, arguant que la marque à la pomme rend difficile l’accès aux services qui tentent d’éviter cette redevance, ce qui l’obligerait à revoir ses prix à la hausse pour prendre en compte cette taxe que d’aucuns jugent arbitraire.
En retour, cela rendrait Spotify plus cher que le service de streaming interne d’Apple - Apple Music - qui n’a pas à payer la même taxe de 30 %. Apple Music pourrait alors profiter de ce traitement de faveur afin de s’assurer un meilleur positionnement tarifaire le rendant plus attrayant aux yeux des consommateurs. La réaction de Cook à la plainte a été d’insister sur le fait que : « aucune personne raisonnable » ne considèrerait qu’Apple est en situation de monopole.
Dans l’interview de mercredi de Nikkei, Tim Cook a également déclaré que les grandes entreprises technologiques n’étaient pas « monolithiques » et a tenté d’éloigner Apple d’entreprises comme Google et Facebook qui ont été accusées d’accumuler des données sur les consommateurs pour créer des quasi-monopoles.
« Vous n’êtes pas notre produit - c’est très clair dans notre esprit », a souligné Cook : « Nous ne sommes pas partisans du trafic de vos données ».
D’aucuns pourraient être amenés à penser que le discours de Cook s’apparente davantage à une manipulation pure et simple de son auditoire. Il explique que même si une entreprise a une position dominante sur le marché, ce n’est pas mauvais tant qu’elle n’abuse pas de cette position dominante, cela peut sembler logique. Cependant, Apple est bien connu pour être une entreprise qui développe des produits/écosystèmes/services fermés, verrouillés et surfacturés (une attitude qui en général s’observe dans une situation de monopole poussé à son extrême) : le Mac Pro 2019, iOS, Safari et macOS sont des exemples palpables de ce phénomène.
Sur iOS et Safari, par exemple, il est quasi impossible d’installer des logiciels (ou des extensions pour le cas de Safari) ne provenant pas de l’App Store. Sur macOS, par défaut les applications non homologuées par Apple ne se lancent pas et un message d’alerte s’affiche pour signaler qu’elles ne sont pas fournies par l’Apple Store. Souvent il faut forcer leur ouverture en jonglant avec les paramètres.
Le monopole « abusif » d’Apple est encore plus flagrant avec ses systèmes d'exploitation pour mobiles et son App Store, car la société a pris l'habitude de verrouiller ses appareils pour empêcher quiconque d’aller voir ailleurs et les forcer à n’utiliser que son App Store : « Tu fais exactement ce que je veux ou tu n’as droit à rien ». Résultat : le fabricant d’iPad peut imposer les tarifs qui lui plaisent, tout en développant ses propres solutions en interne qui viendront parfois concurrencer de façon déloyale des services qu’il a jugé intéressants et rentables sur sa plateforme.
Google est accusé d’abus de position dominante par de nombreux éditeurs comme Epic Games, ces derniers estimant que la taxe de 30 % appliquée par Google à toutes les microtransactions effectuées sur les jeux et applications qui passent par le Play Store est exorbitante. La filiale d’Alphabet utilise aussi des méthodes dissuasives pour inciter les développeurs à se soumettre à ses conditions, mais en général ce n’est pas une obligation et des voies de contournements existent. Ce serait peu de dire qu’en matière de monopole abusif et de concurrence déloyale Apple n’a aucune leçon à recevoir d’un autre géant de la Tech, bien au contraire.
Source : Asia Nikkei
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