« L’ère des avions de chasse est révolue, place aux drones autonomes », lance Elon Musk à une audience de pilotes de l’armée de l’air US
Lors d’un récent symposium de la AFA sur la guerre aérienne
Il s’agit de l’un des axes de l’intervention d’Elon Musk lors d’un récent symposium sur la guerre aérienne organisé par la Air Force Association. En fait, le CEO de Tesla répondait à la question (du directeur du Centre des systèmes spatiaux et de missiles) de savoir s’il a des idées novatrices sur la façon dont le combat aérien peut être révolutionné.
Réponse sans détour de l’entrepreneur : les drones autonomes sont le futur. Ce n’est pas que je veuille que l’avenir soit ainsi fait, mais c’est juste que c’est inéluctable… L’ère des avions de chasse est révolue. Dans une salle remplie de pilotes de l’armée de l’air US, on se doute que la déclaration a fait l’effet de l’annonce d’un futur licenciement pour chacun des intervenants de la filière. Après, c’est le type de tableau auquel on aura de plus en plus droit tant les exemples qui illustrent le fait qu’une machine peut être mise sur pied pour surpasser un humain sur une tâche donnée peut être allongée à souhait. Pour ce qui est du cas spécifique des combats aériens, noter qu’Alpha, une intelligence artificielle mise sur pied par les laboratoires de recherche de l’armée américaine, a défait des experts de cette dernière dans le cadre de simulations de combats aériens.
« J’ai été surpris par la manière dont elle était consciente et réactive. Elle semblait être consciente de mes intentions et réagir instantanément à mes changements en vol et à mes déploiements de missiles. Elle savait comment déjouer le tir que je faisais. Elle changeait instantanément entre les actions défensives et offensives en fonction des besoins », avait souligné le colonel Gene Lee, décrivant Alpha comme étant l’intelligence artificielle la plus agressive, réactive, dynamique et crédible qu’il ait jamais vue.
L’intervention d’Elon Musk intervient dans un contexte où le département américain de la Défense a, en octobre dernier, passé une annonce relative à un contrat de 34 milliards de dollars US pour la fourniture de 478 avions de chasse F-35. Lors du récent symposium de l’US Air Force sur la guerre aérienne, Musk a déclaré qu’il devrait y avoir un concurrent au programme F-35. À ce propos, le CEO de Tesla a précisé que le concurrent devrait être un drone piloté par un humain, mais aux capacités augmentées par une intelligence artificielle. « Un F-35 n’aurait aucune chance contre une telle machine », a-t-il ajouté.
Avantage drones autonomes ?
Sur l’axe des questions techniques liées à la mise sur pied de ces machines dédiées à la guerre, on pourrait s’avancer à répondre par l’affirmative. En effet, au sein d’un avion de combat moderne, le pilote est assis sur un siège éjectable pour les cas d’urgence, a besoin d'un approvisionnement en oxygène et de climatisation pour fonctionner aux températures et altitudes extrêmes, ainsi que d’un accès aux commandes et instruments de vol. Tous ces éléments ajoutent un poids et un coût importants à l'avion. De plus, le fait de devoir disposer d'une verrerie transparente pour permettre à l'équipage de voir à l'extérieur n'améliore guère la gestion de la signature, car la section transversale du radar et les risques de reflets du soleil augmentent tous. Le pilote lui-même est un facteur additionnel de plus de poids puisqu’il est encombré d'un kit de vol composé d’un casque, de lunettes de vision nocturne, une combinaison de vol et des équipements de planification de vol et de survie. De façon traditionnelle, les pilotes s'assoient à l'avant de l'avion pour avoir la meilleure vue possible au décollage et à l'atterrissage, ainsi qu'en situation de combat aérien. Tous ces facteurs influent sur l'aérodynamique, la conception furtive et la répartition du poids. Donc, cela peut simplifier la vie des concepteurs si le pilote ou l'équipage n’est pas dans l'aéronef.
Après, il y a que le propos du CEO de Tesla arrive un peu comme en retard. En effet, celui-ci est à placer dans la problématique générale des armes autonomes létales. Une publication parue en début d’année fait état de ce que bon nombre de pays sont en train de s’arrimer à la donne. Ainsi, les USA, la Chine, la Russie, Israël, etc. investissent dans le développement de systèmes d'armement autonomes qui peuvent identifier, cibler et tuer une personne par eux-mêmes. La bonne question semble donc plutôt être : combien de temps encore avant que les « anciens » systèmes d’armement ne cèdent de façon définitive leur place à ceux aux capacités dites améliorées par l’intelligence artificielle ?
Au finish, c’est une question de survie à laquelle Elon Musk a été appelé à débattre. Lors de son propos, il a tenu à rappeler que dans le cas où ils ne font pas de l’innovation une priorité, les USA courent le risque de se faire larguer par les autres nations. L’exemple chinois n’a pas manqué de filtrer : « Une chose qui va sembler assez étrange est que l'économie chinoise va probablement être au moins deux fois plus importante que l'économie américaine, peut-être même trois fois. Les ressources d’un pays en matière de guerre viennent de son économie. Si vous disposez de la moitié des ressources de votre vis-à-vis, vous avez intérêt à être innovant sinon c’est la défaite assurée. »
Le drone le moins cher, capable de voler à des vitesses et à des altitudes similaires à celles d'un F-35, de transporter une charge utile de combat et de parcourir une distance décente, serait le XQ-58A Valkyrie, qui en est encore au stade de prototype. Ce dernier pourrait tourner autour de 2 millions de dollars selon son fabricant.
Sources : Air Force Mag, Defense news
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Un drone pour mettre à mal un F-35 au combat : est-ce possible ?
Les pilotes d'avion de chasse ont-ils de quoi nourrir des inquiétudes pour leur emploi ?
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