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l'humanité
Assurance-maladie. Les coupes folles de Macron dans la santé
Le budget de la Sécurité sociale qui arrive en débat devant les députés est marqué par la fuite en avant dans la restriction des dépenses de soins au nom de la priorité à l’élimination des déficits. Déjà au bord de la rupture, l’hôpital pourrait voir son démantèlement accéléré.
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2. Les hôpitaux, une cible au bord de l’explosion
Le secteur hospitalier supportera une large part de ce plan d’austérité, avec 1,6 milliard d’économies estimées. Agnès Buzyn a détaillé ses intentions : « À l’hôpital, nous allons favoriser l’ambulatoire, a-t-elle précisé. L’objectif est que, en 2022, sept patients sur dix qui entrent à l’hôpital le matin en sortent le soir, contre cinq aujourd’hui. » La ministre y voit une « révolution douce » mais qui conduit immanquablement à la poursuite de la suppression de lits. 16 000 l’ont déjà été ces deux dernières années. « Comment croire à la réussite d’un tel projet alors qu’il manque des médecins de ville, que des jeunes de 25 ans ne parviennent pas à trouver de médecins traitants car ces derniers sont surchargés ? Et que des malades soignés à domicile appellent le Samu parce qu’ils ne trouvent pas de médecins disponibles ? Supprimer des lits n’est plus possible », réagit Christophe Prudhomme, médecin urgentiste (CGT) et membre du Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance-maladie. Lui considère qu’il faut cesser d’opposer ville et hôpital : « La médecine ambulatoire est la solution pour certains patients mais pas pour tous. Sa généralisation n’est pas sérieuse. La solution passe par le développement des services publics, des centres de santé notamment. » Le député PCF André Chassaigne ne croit pas non plus au « développement de la chirurgie ambulatoire sans l’assurance qu’il existe un véritable réseau entre l’hôpital et la médecine de proximité ».
D’autant que, derrière la suppression de lits, se profile celle de services, voire d’établissements entiers. « Notre système de soins est en train d’exploser. La population s’en rend compte, constate Hélène Derrien, présidente de la Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité. On nous parle d’ambulatoire, du retour rapide au domicile, mais on voit fleurir des hôtels hospitaliers un peu partout. Privé, l’hébergement y est à la charge des patients. C’est l’accès aux soins qui est en cause. Des accidents ne vont pas manquer d’arriver. »
3. Une privatisation croissante des frais de santé
Le gouvernement compte aussi sur de nouvelles recettes pour boucler son plan d’économies. Celles-ci seront piochées dans les poches des assurés ou de leurs complémentaires – ce qui revient au même puisque ce sont au final leurs cotisations qui les financent. Le forfait hospitalier (le montant journalier que la Sécu ne rembourse pas au patient en cas de séjour à l’hôpital) augmentera ainsi de 2 euros, générant 200 millions d’euros pour les caisses des hôpitaux, que l’assurance-maladie n’aura pas à sortir. Une logique dangereuse, a rappelé récemment le professeur au CHU de la Pitié-Salpêtrière à Paris André Grimaldi : « Tout transfert des dépenses de la Sécurité sociale vers les assureurs complémentaires privés (mutualistes ou non) ne diminue pas les dépenses de santé du pays, elle ne fait que les privatiser, sapant très lentement mais très sûrement le consentement à la solidarité des classes moyennes supérieures “bien portantes”. »
Pour Christophe Prudhomme, de la CGT, il est urgent de mettre en place d’autres mesures, comme la suppression de la taxe sur les salaires payée par les hôpitaux, qui rapporte 4 milliards d’euros annuels à l’État. « Le gouvernement vient de supprimer l’impôt sur la fortune pour un même montant. Qu’il fasse de même avec cette taxe injuste. Cela permettrait de créer 80 000 emplois dans les hôpitaux publics », rappelle le syndicaliste.
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