La GPL permet de ne distribuer qu’à peu de monde…. Mais ne permet pas d’interdire aux destinataires de redistribuer eux même.
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Oracle, SUSE et CIQ répondent aux changements annoncés par Red Hat avec l'OpenELA
Une initiative visant à fournir aux organisations des sources pour construire des distributions compatibles avec RHEL
Oracle, SUSE et CIQ annoncent la création de l'Open Enterprise Linux Association (OpenELA), une association visant à promouvoir le développement de distributions compatibles avec Red Hat Enterprise Linux (RHEL) en fournissant un code source Enterprise Linux (EL) ouvert et gratuit. Dès cette année déjà, l'OpenELA s'engage à fournir les sources nécessaires pour que des versions compatibles avec RHEL puissent être créées, en se concentrant initialement sur les versions EL8, EL9 et éventuellement EL7 de RHEL. L'association invite d'autres organisations et membres de la communauté à se joindre à eux pour maintenir des normes de développement ouvertes.
Oracle, SUSE et CIQ ont annoncé leur intention de former l'Open Enterprise Linux Association (OpenELA), une association professionnelle collaborative visant à encourager le développement de distributions compatibles avec Red Hat Enterprise Linux (RHEL) en fournissant un code source Enterprise Linux (EL) ouvert et gratuit.
La création d'OpenELA découle des récents changements apportés par Red Hat à la disponibilité du code source de RHEL.
Au mois de juin, Red Hat a décidé de suspendre la publication des sources publiques de Red Hat Enterprise Linux (RHEL) sur git.centos.org pour consacrer CentOS Stream comme seul référentiel. Cette décision, selon l'éditeur de logiciels open source, vise à se concentrer davantage sur CentOS Stream en tant que moteur d'innovation pour Linux d'entreprise. Red Hat estime que l'évolution vers CentOS Stream permet une transparence et une ouverture accrues dans le développement de Red Hat Enterprise Linux. Mais cette décision a vivement été critiqué par la communauté qui y voit une volonté d'écarter certains acteurs importants de l'open source.
En effet, en limitant les sources publiques de RHEL à CentOS Stream, il sera désormais plus difficile pour les distributions communautaires et les distributions Linux d'entreprise dérivées telles qu'Alma Linux, Rocky Linux, Oracle Linux, etc., de fournir des versions entièrement compatibles avec les versions RHEL cibles. Or cette compatibilité stricte est nécessaire pour permettre aux utilisateurs de passer d'une distribution à une autre sans rencontrer de problèmes de compatibilité ou de fonctionnalité.
C'est donc en réponse aux changements annoncés par Red Hat que CIQ, Oracle et SUSE ont décidé collaborer pour fournir du code source, des outils et des systèmes à la communauté via OpenELA.
« De nombreuses grandes organisations nous ont contactés pour exprimer l'importance du code source piloté par la communauté pour EL, qui peut servir de point de départ pour des distributions compatibles », a déclaré Wim Coekaerts, responsable du développement d'Oracle Linux chez Oracle. « OpenELA est notre réponse à ce besoin, et il représente un engagement à aider la communauté open source à continuer de développer des distributions compatibles d'Enterprise Linux (EL). »Envoyé par OpenELA
Pour Gregory Kurtzer, PDG de CIQ, cette annonce marque le « début d'une nouvelle ère pour EL ». Avec OpenELA, CIQ, Oracle et SUSE s'associent à la communauté open source pour « garantir un avenir stable et résilient à la fois pour les communautés upstream et downstream afin de tirer parti d'Enterprise Linux. »
Plus tard cette année, OpenELA fournira les sources nécessaires pour que des versions downstream compatibles avec RHEL puissent exister, avec une attention initiale portée sur les versions EL8, EL9 et éventuellement EL7 de RHEL. Le projet s'engage à assurer la disponibilité continue des sources OpenELA à la communauté indéfiniment.
En invitant d'autres organisations et membres de la communauté à rejoindre et contribuer activement, OpenELA vise à construire une norme robuste pilotée par la communauté qui garantit l'impartialité et l'équilibre dans l'écosystème EL.
« La collaboration est essentielle pour favoriser l'innovation, c'est pourquoi nous accueillons tout le monde pour faire partie de cette association et nous aider à maintenir les normes de la communauté ouverte », a déclaré Thomas Di Giacomo, directeur de la technologie et du produit chez SUSE. « SUSE croit fermement en la création de choix. En collaboration avec la communauté open source, nous redéfinirons ce que signifie vraiment être ouvert et offrirons un avenir plus solide pour EL. »
OpenELA va-t-elle faire mieux que l'initiative United Linux ?
L'initiative OpenELA fait penser à United Linux deux décennies plus tard, à la seule différence que cette fois, au lieu de construire une distribution pour concurrencer Red Hat, elle est basée sur Red Hat.
Pour information, United Linux était une initiative lancée en mai 2002 par quatre grandes entreprises du secteur informatique : Caldera (devenue The SCO Group), Conectiva, SUSE et Turbolinux. L'objectif principal de United Linux était de créer une distribution Linux standardisée, consolidée et harmonisée pour les entreprises, afin de simplifier le développement, la certification et la prise en charge des applications sur différentes plateformes Linux.
L'idée derrière United Linux était de fusionner les atouts de ces différentes distributions en une seule, tout en permettant aux entreprises participantes de continuer à développer leurs distributions respectives en parallèle. Cela devait réduire la fragmentation du marché Linux, offrir une base commune pour les développeurs et les éditeurs de logiciels, et faciliter l'adoption de Linux par les entreprises. L'objectif était surtout de former un concurrent sérieux à Red Hat.
Cependant, l'initiative United Linux n'a pas réussi à atteindre ses objectifs et n'a pas eu le succès escompté. Les entreprises participantes ont connu des difficultés financières et des désaccords stratégiques. En janvier 2004, elle a été abandonnée et les distributions impliquées ont poursuivi leurs propres chemins de développement indépendants.
En fin de compte, United Linux n'a donc pas laissé une empreinte significative dans l'histoire du développement de Linux, mais a illustré les défis complexes liés à la création d'une norme commune dans le monde open source. Deux décennies après United Linux, OpenELA pourra-t-elle relevé ces défis ?
Sources : SUSE, OpenELA
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je me demande si un jour Red Hat y passera dessus et on aurait une distribution commune pour tout le monde qui serait parfait pour l'utilisateur....
ça me rapelle la LSB et la FHS par contre... (fail)
Après la restriction du code source de RHEL, la Free Software Foundation alerte sur les dérives des grandes entreprises open source
« C'est regrettable, nous nous attendions à ce que de telles organisations fassent avancer le mouvement »
Il y a quelques années, Red Hat a annoncé la fin de la mise à disposition de son code source public. Cette décision a suscité une levée de boucliers de la part de l'ensemble de la communauté Linux d'entreprise. Depuis lors, nombreux sont ceux qui ont attendu une déclaration de la Free Software Foundation concernant sa position sur le sujet. Près de deux ans plus tard, la FSF a finalement répondu aux questions concernant sa position sur le sujet avec la déclaration suivante :
« De manière générale, nous ne sommes pas d'accord avec ce que fait Red Hat. La question de savoir s'il s'agit d'une violation de la GPL nécessiterait une analyse juridique et la FSF ne donne pas de conseils juridiques. Cependant, en tant que gardiens de la GNU GPL, nous pouvons parler de la manière dont elle est censée être appliquée et l'approche de Red Hat est certainement contraire à l'esprit de la GPL. C'est regrettable, car nous nous attendions à ce que de telles organisations phares fassent avancer le mouvement ».
Contexte
Red Hat a été sous une pluie de critiques après avoir suspendu la publication des sources publiques de Red Hat Enterprise Linux (RHEL) sur git.centos.org pour consacrer CentOS Stream comme seul référentiel. Jeff Geerling, développeur, fait partie de ceux qui ont décidé d'exprimer leur colère. Il affirme que Red Hat viole l’esprit de l’open source et menace les distributions alternatives comme Rocky Linux et AlmaLinux, qui se basent sur le code source de RHEL. Il a annoncé qu’il ne va plus maintenir le support officiel de RHEL pour ses projets open source, et qu’il va privilégier les autres distributions Linux comme Fedora, Arch, Ubuntu ou Debian.
CentOS Stream est une distribution Linux développée par le projet CentOS. Il s'agit d'une version en amont (upstream) de Red Hat Enterprise Linux (RHEL). Elle agit comme une vitrine de développement pour les fonctionnalités et les mises à jour futures de RHEL. CentOS Stream offre aux utilisateurs un accès précoce aux nouvelles technologies et innovations introduites dans RHEL. Cela permet également une collaboration plus étroite entre les ingénieurs de Red Hat, les partenaires, les clients et les membres de la communauté CentOS pour tester, intégrer et fournir des retours d'expérience sur les fonctionnalités en cours de développement.
Avant CentOS Stream, Red Hat publiait les sources publiques de RHEL sur git.centos.org. Lorsque le projet CentOS s'est recentré sur CentOS Stream, l'éditeur de logiciels open source a maintenu ces référentiels même si CentOS Linux n'était plus développé à partir de RHEL. Mais ce ne sera plus le cas maintenant que Red Hat a décidé de faire de CentOS Stream le seul référentiel pour les versions publiques du code source liées à Red Hat Enterprise Linux (RHEL). C'est ce qu'on lit dans un billet blog de Red Hat.
Red Hat accuse certains détracteurs de vouloir profiter du code de RHEL sans payer ou de le reconditionner à leur profit
Le vice-président de l’ingénierie des plateformes de base de Red Hat, Mike McGrath, a répondu aux critiques sur les changements apportés à git.centos.org, qui ont rendu le code source de RHEL moins accessible aux non-clients.
Il affirme que Red Hat s’engage à respecter les licences open source et à contribuer au code en amont, mais qu’il faut aussi reconnaître la valeur du travail effectué par les employés de Red Hat pour maintenir et soutenir RHEL pendant 10 ans. Il souligne que le code source de RHEL est toujours disponible dans CentOS Stream, qui est le dépôt source où RHEL est construit en public. Il accuse certains détracteurs de vouloir profiter du code de RHEL sans payer ou de le reconditionner à leur profit :
« Nous avons été traités de méchants; On m'a taxé de cadre IBM qui a été installé pour transformer Red Hat en source fermée - et ce n'est que le « bon » truc. Alors mettons les choses au clair.
« Je m'appelle Mike McGrath et je suis vice-président de l'ingénierie des plates-formes principales chez Red Hat. Je suis ici depuis 16 ans et avant de commencer à travailler ici, j'étais bénévole dans le projet Fedora. L'open source et tout ce que cette expression implique sont très importants pour moi. Au cours de la semaine dernière, j'ai vu beaucoup de gens dire beaucoup de choses méchantes et fausses sur les Red Hatters qui travaillent dur et qui, comme moi, accordent une grande importance à ce travail.
« Malgré ce qui se dit actuellement à propos de Red Hat, nous rendons notre travail acharné facilement accessible aux non-clients. Red Hat utilise et utilisera toujours un modèle de développement open source. Lorsque nous trouvons un bogue ou écrivons une fonctionnalité, nous apportons notre code en amont. Cela profite à tous les membres de la Rocky Linux présente les failles juridiques de la licence de RHEL qui permettront à sa reconstruction de perdurer, pas seulement à Red Hat et à nos clients.
« Nous ne nous contentons pas de prendre des packages en amont et de les reconstruire. Chez Red Hat, des milliers de personnes passent leur temps à écrire du code pour activer de nouvelles fonctionnalités, à corriger des bogues, à intégrer différents packages, puis à prendre en charge ce travail pendant longtemps - ce dont nos clients et partenaires ont besoin.
« Il s'agit des heures et des nuits tardives que nous passons à rétroporter un correctif vers un code qui a maintenant 5 à 10 ans ou plus*; à tout moment, nous prenons en charge 3 à 4 flux de versions majeures, tout en appliquant des correctifs et des rétroportages à tous. De plus, lorsque nous développons des correctifs pour des problèmes dans RHEL, nous ne les appliquons pas seulement à RHEL - ils sont d'abord appliqués en amont, à des projets comme Fedora, CentOS Stream ou le projet du noyau lui-même, et nous les rétroportons ensuite. Maintenir et soutenir un système d'exploitation pendant 10 ans est une tâche herculéenne - il y a une valeur énorme dans le travail que nous faisons
« Nous enverrons toujours notre code en amont et respecterons les licences open source utilisées par nos produits, ce qui inclut la GPL. Quand je dis que nous respectons les différentes licences open source qui s'appliquent à notre code, je le pense. J'ai été choqué et déçu du nombre de personnes qui se sont tellement trompées sur les logiciels open source et la GPL en particulier - en particulier, les observateurs de l'industrie et même les vétérans qui, je pense, devraient en savoir plus. Les détails, y compris les licences et les droits open source, sont importants, et ce sont des choses que Red Hat a aidé non seulement à former, mais aussi à préserver et à faire évoluer.
Je pense qu'une grande partie de la colère suscitée par notre récente décision concernant les sources en aval provient soit de ceux qui ne veulent pas payer pour le temps, les efforts et les ressources consacrés à RHEL, soit de ceux qui veulent le reconditionner à leur propre profit. Cette demande de code RHEL est fallacieuse ».
La réaction tardive de la Free Software Foundation
La Free Software Foundation, qui milite depuis sa création pour la liberté des utilisateurs de logiciels et le droit d'accéder, de modifier et de redistribuer le code source, a réagi à cette prise de position. La FSF a exprimé son désaccord avec la démarche de Red Hat, affirmant que bien que cette action ne constitue pas nécessairement une violation de la licence GPL, elle va à l'encontre de l'esprit de cette dernière. La FSF souligne que des organisations phares comme Red Hat devraient être des moteurs pour le mouvement du logiciel libre, plutôt que d'adopter des pratiques restrictives.
Interrogée sur une éventuelle intervention juridique, la FSF a indiqué qu'elle n'était pas en mesure d'agir en l'absence de preuves concrètes de violation de licence. Elle encourage toutefois toute personne disposant de telles informations à les rapporter via les canaux appropriés.
La FSF a réagi au courriel d'un utilisateur de distributions Linux dans l'écosystème RHEL, en gras les questions qu'il a posé :
« D'une manière générale, nous ne sommes pas d'accord avec ce que fait Red Hat. La question de savoir s'il s'agit d'une violation de la GPL nécessiterait une analyse juridique et la FSF ne donne pas de conseils juridiques. Cependant, en tant que gardiens de la GNU GPL, nous pouvons parler de la manière dont elle est censée être appliquée et l'approche de Red Hat est certainement contraire à l'esprit de la GPL. C'est regrettable, car nous nous attendrions à ce que de telles organisations phares fassent avancer le mouvement ».
La suppression par Red Hat des sources de git.centos.org constitue-t-elle une violation de la GPL et de diverses autres licences de logiciel libre pour les divers programmes distribués sous RHEL ?
La distribution par Red Hat des sources RPM à ses clients dans le cadre de son contrat d'abonnement est-elle suffisante pour satisfaire aux licences susmentionnées ?
Est-ce une violation si Red Hat résilie un abonnement avant terme parce que son client a exercé ses droits en vertu de la GPL et d'autres licences de logiciel libre pour redistribuer les sources de RHEL ou créer des œuvres dérivées à partir de ces sources ?
Est-ce une violation si Red Hat refuse de renouveler un abonnement qui a expiré parce qu'un client a exercé ses droits de redistribution ou de création de travaux dérivés ?
Un certain nombre de programmes distribués avec RHEL sont protégés par le droit d'auteur de la FSF, par exemple bash, emacs, GNU core utilities, gcc, gnupg et glibc. Étant donné que la FSF a qualité pour agir dans cette affaire, serait-elle disposée à intervenir au nom de la communauté afin d'amener Red Hat à corriger l'un ou l'autre des problèmes susmentionnés ?
À ce jour, nous n'avons connaissance d'aucun problème lié à la nouvelle politique de Red Hat que nous pourrions poursuivre sur le plan juridique. Cependant, si vous constatez une violation, veuillez envoyer un rapport à <license-violation@gnu.org>.
Sources : courriel de la FSF, Mike McGrath de Red Hat
Et vous ?
La décision de Red Hat constitue-t-elle une dérive du modèle open-source vers une forme de "closed-source" light ?
Faut-il repenser la manière dont les grandes entreprises comme Red Hat publient et maintiennent leur code source tout en respectant les principes du logiciel libre ?
Si d'autres grandes entreprises suivent l'exemple de Red Hat, comment la communauté open-source peut-elle réagir pour préserver la liberté d’accès au code source ?
Les utilisateurs finaux, souvent les plus affectés par ce genre de décisions, ont-ils une responsabilité dans la préservation de l'accès ouvert aux logiciels et au code source ?
Que pensez-vous de la réaction de la FSF ?
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