La Grande École du Numérique souhaite former à minima 40 % de femmes au sein de ses propres cursus d’ici à la fin 2021
Pour apporter réponse aux stéréotypes de genre dans le secteur du numérique
Les femmes sont sous-représentées dans le secteur du numérique. Les études se multiplient et l’une des raisons qui revient est celle du sexisme qui a cours dans la filière. La réponse de la Grande École du Numérique : augmenter les quotas de femmes issues de ses programmes de formation. L’initiative apportera-t-elle réponse à d’autres facteurs clés comme les différences biologiques qui pèsent pour beaucoup dans la sous-représentation de la gent féminine dans le domaine des technologies de l'information et de la communication ?
« La sous-représentation des femmes dans le secteur du numérique représente une régression sociétale porteuse d’inégalités et elle a un coût économique.
Aujourd’hui, le secteur numérique est l’un des moteurs de l’économie, avec des entreprises qui connaissent des croissances importantes et transforment la société. C’est le secteur qui générera le plus de nouveaux emplois dans les années à venir : l’emploi dans le numérique progresse 2,5 fois plus vite que dans les autres secteurs. En exclure les femmes est dommageable, car cela les priverait d’opportunités d’emploi dans un secteur en forte croissance, aux statuts plus stables, aux perspectives de carrières prestigieuses et fortement rémunérées. De même, d’un point de vue économique, selon la Commission Européenne, si les femmes occupaient autant d’emplois que les hommes dans le numérique, il s’ensuivrait un gain d’environ 9 milliards d’euros par an pour le PIB européen.
Quant à la France, la parité dans le numérique générerait 10 % de PIB supplémentaire d’ici à 2025 selon une étude de McKinsey. Depuis plusieurs siècles, les stéréotypes liés au genre sont ancrés dans l’inconscient collectif avec des croyances sociales et culturelles sur l’inaptitude des femmes aux matières scientifiques. Restaurer une mixité dans le numérique nécessitera bien plus qu’un changement des mentalités », écrit la Grande École du Numérique.
Elle suggère donc d’agir sur plusieurs fronts :
- L’école au sens large depuis l’école primaire jusqu’à dans les universités et les écoles d’ingénieurs et la formation continue.
- Les médias pour lutter contre les stéréotypes et permettre à plus de femmes qui ont réussi dans le secteur du numérique de prendre la parole en tant qu’experte et jouant ainsi des rôles modèles
- Les stratégies de recrutement des entreprises qu’elles soient du secteur privé ou public et pas uniquement le secteur numérique puisque le digital est présent dans tous les secteurs d’activités économiques.
- Les états et gouvernements dans une logique de politique publique volontariste en faveur d’une meilleure mixité dans ce secteur.
Restera à voir si ces différentes dispositions permettront d’apporter réponse à un autre mûr qui se dressera devant les diplômées : celui du choix de l’arrimage à l’horloge biologique. Karen Morenz – étudiante au doctorat en chimie de l’université de Toronto – cite la nécessité de trouver un équilibre entre responsabilités professionnelles et familiales comme argument mis en avant par ces femmes. D’après des statistiques 2018 rapportées par l’universitaire, les départs interviennent dans l’intervalle 30-35 ans ; les concernées entament à peine leur carrière universitaire nanties de leur doctorat, mais « l’horloge biologique » sonne déjà avec acuité. En effet, c’est dans cet intervalle que l’on se met à noter une baisse importante de la fertilité de la femme. C’est aussi celle où les risques liés aux grossesses commencent à devenir plus importants. Chez les hommes, note-t-elle, l’on relève que la baisse de fertilité frappe à la porte autour de 45 ans.
« À ce stade, je dois m'assurer de ce que vous êtes au fait des notions de base en matière de biologie de la reproduction féminine. Selon Wikipédia, à l'âge de 25 ans, le risque de concevoir un bébé avec des anomalies chromosomiques (y compris le syndrome de Down) est de 1 sur environ 1400. À 35 ans, ce risque est plus que quadruplé, soit 1 sur 340. À 30 ans, l'on a encore 75 % de chances d’accoucher dans de bonnes conditions dans l’année qui suit , mais à 35 ans, ce taux chute à 66 % et à 40 ans, il est tombé à 44 %. Entre-temps, 87 à 94 % des femmes signalent au moins un problème de santé immédiatement après la naissance, et 1,5 % des mères ont un problème de santé grave, tandis que 31 % ont des problèmes de santé persistants à long terme à la suite de la grossesse. De plus, les femmes de plus de 35 ans sont plus concernées par les risques de complications du type accouchement prématuré, hypertension, prééclampsie superposée, prééclampsie grave. En raison de ces facteurs, les grossesses chez les femmes de plus de 35 ans sont connues sous le nom de " grossesses gériatriques " en raison du risque considérablement accru de complications. Ce délai serré pour les naissances est souvent appelé " l'horloge biologique ". Si les femmes veulent une famille, elles doivent en principe commencer avant 35 ans. Cela ne veut pas dire qu'il est impossible d'avoir un enfant plus tard, mais c'est plus risqué », indique-t-elle.
Conséquence : l’on est plus susceptible de retrouver plus d’hommes à des postes de recherche en STIM, car la plupart des femmes choisissent de contourner les contraintes de leur horloge biologique. Toutefois, Karen Morenz souligne que les institutions qui mettent en place d’excellentes politiques en matière de garde d’enfants et de congés de maternité parviennent à doubler leurs effectifs de femmes dans ces filières en comparaison d’autres qui n’en disposent pas.
Un avis qui rejoint celui d’un ex-Googler
La publication de Karen Morenz fait suite à celle de James Damore. En 2017, l’ex-Googler a publié un mémo pour expliquer les inégalités salariales, entre autres, dans la filière technologique. Comme Karen Morenz ce dernier s’était refusé de les mettre sur le compte d’une discrimination basée sur le sexe, mais les avait expliquées par des « différences biologiques. »
« On se demande toujours pourquoi on ne trouve pas de femmes à des postes de responsabilité, mais on ne demande jamais pourquoi on y trouve autant d’hommes », avait-il lancé. D’après ce dernier, c’est également parce que « ces postes nécessitent souvent de longues et stressantes heures de travail qui peuvent ne pas valoir le coup si vous voulez mener une vie équilibrée et gratifiante. » Il avait également estimé que les aptitudes naturelles des hommes les conduisent à devenir facilement des programmateurs en informatique, alors que les femmes sont, plus enclines « aux sentiments et l'esthétique plutôt que vers les idées ». Ce détail justifierait le fait que ces dernières optent en général pour des carrières « dans le social ou l'artistique » comme le souligne Karen Morenz dans sa publication.
Source : GEN
Et vous ?
Qu’est-ce qui explique la sous-représentation de la gent féminine dans les filières en lien aux sciences et aux technologies ?
D'un point de vue professionnel, comment les trouvez-vous en général aux postes de développeurs et IT Pro ?
Pensez-vous que l’augmentation des quotas de femmes formées aux métiers du numérique puisse apporter réponse à ce problème de sous-représentation des femmes dans le secteur ?
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