Les développeurs du noyau Linux discutent de la fin du support d'un certain nombre d’anciens processeurs,
alors que les utilisateurs passionnés voudraient que la prise en charge soit maintenue
Linus Torvalds a annoncé le 13 décembre de l’année dernière la disponibilité de Linux 5.10, avec comme point fort la prise en charge de l'extension de marquage de mémoire ARMv8.5. Le noyau Linux est un noyau de système d'exploitation de type UNIX. Il est utilisé dans plusieurs systèmes d'exploitation dont notamment GNU/Linux (couramment appelé « Linux ») et Android. C’est un logiciel libre développé essentiellement en langage C par des milliers de bénévoles et salariés communiquant par Internet.
Après l’annonce faite par l’informaticien américano-finlandais, connu pour avoir créé à l’âge de 21 ans le noyau Linux, une discussion a été lancée sur l'abandon de la prise en charge d'un certain nombre de plateformes (CPU) anciennes et obsolètes. Dans un courrier adressé à quelques collaborateurs et partenaires, Arnd Bergmann, l’un des développeurs du noyau Linux exprime sa volonté de mettre fin au support apporté à certaines architectures.
« Après que la v5.10 ait été officiellement annoncée, j'ai jeté un coup d'œil sur les plateformes ARM qui semblent n'avoir eu aucun correctif de la part des responsables ou utilisateurs de ces composants depuis au moins cinq ans. J'ai fait quelques statistiques publiées dans mon article sur lwn l'année dernière, j'ai donc pensé que je pourrais en partager un résumé ici pour discuter des changements à apporter », a-t-il indiqué dans son mail.
Rappelons que le noyau est le cœur du système, c’est lui qui s’occupe de fournir aux logiciels une interface pour utiliser le matériel. Le noyau Linux a été créé en 1991 pour les PC construits sur l’architecture processeur x86. Depuis, il a été porté sur nombre d’architectures dont m68k, PowerPC, StrongARM, Alpha, SPARC, MIPS, etc. Il s’utilise dans une très large gamme de matériel, des systèmes embarqués aux superordinateurs, en passant par les ordinateurs personnels.
Arnd Bergmann, a examiné les plateformes ARM ainsi que d'autres architectures de CPU qui pourraient ne plus être pris en charge par les developpeurs du noyau de Linux. Il a fait la proposition de supprimer de l'écosystème du noyau Linux les éléments ARM suivants :
- ASM9260, AXXIA, DigiColor, NSPIRE, PRIMA2, Spear, aucun changement notable depuis 2015 ;
- BCM/Kona, VT8500 , aucun changement notable depuis 2014 ;
- EFM32, U300, aucun changement notable depuis 2013 ;
- PicoXcell, déjà en attente de suppression ;
- Tango, changements sporadiques jusqu'en 2017, mais abandonnés ;
- Dove ;
- ZX.
Comme principal argument, la plupart de ces systèmes n’ont pas connu de mise à jour depuis de nombreuses années. Parmi les autres plateformes dont la suppression est envisagée, on peut citer :
- CLPS711x ;
- CNS3xxx ;
- EP93xx ;
- HISI ;
- Highbank ;
- IOP32x ;
- IXP4xx ;
- LPC18xx ;
- LPC32xx ;
- MMP ;
- Moxart ;
- MV78xx0 ;
- Nomadik ;
- OXNAS ;
- PXA ;
- RPC ;
- SA1100.
Notons que l'ordinateur du fondateur de Linux n’est pas pris en charge par l'une des puces les plus haut de gamme d'ARM. Le CPU Ryzen Threadripper 3970x qui alimente l’ordinateur de Linus compte 32 cœurs cadencés à 3,7 GHz et dispose de 64 threads. Un mode boost permet d'atteindre 4,5 GHz. En milieu d’année dernière, le créateur du noyau Linux avait surpris la communauté d’utilisateurs Linux avec une annonce symbolique : « En fait, ce qui a suscité le plus d’enthousiasme chez moi cette semaine, c'est la mise à jour de mon PC et pour la première fois depuis 15 ans, mon bureau n’est plus basé sur Intel. Non, je ne suis pas encore passé à ARM, mais je fonctionne maintenant avec un AMD Threadripper 3970x », « Mes tests allmodconfig sont trois fois plus rapides qu’auparavant. Si cela n’a pas beaucoup d’importance en cette période calme, je remarquerai les effets de la mise à jour lors de la prochaine intégration des correctifs » assure le créateur de Linux.
ARM est un fournisseur de technologie de processeur IP, offrant une large gamme de processeurs pouvant répondre aux exigences de performance, de puissance et de coût de chaque appareil. Les processeurs et les NPU de ARM comprennent Cortex-A, Cortex-M, Cortex-R, Neoverse, Ethos et SecurCore. Parmi les plateformes concernées par ce projet de fin de support Linux, nous pouvons également citer :
- H8300 ;
- C6X ;
- SPARC/Sun4M ;
- PowerPC/CELL ;
- PowerPC/CHRP ;
- PowerPC/AmigaOne ;
- PowerPC/Maple ;
- M68K for Apollo, HP300, Sun3, and Q40 ;
- MIPS/JAZZ ;
- MIPS/Cobalt.
Certaines plateformes seraient simplement très anciennes et nécessiteraient une mise en retrait :
- 80486SX/DX ;
- Alpha 2106x ;
- IA64 Merced ;
- MIPS R3000/TX39xx ;
- SuperH SH-2 ;
- 68000/68328.
Alors que certains s’interrogent sur le bien-fondé de cette décision, « y a-t-il un avantage à les supprimer, si ce n'est qu'il y aura moins de lignes de code dans le noyau et moins de maintenance ? Par exemple, en supprimant 486, sera-t-il possible d'améliorer le noyau d'une manière ou d'une autre pour le rendre plus propre, plus rapide, plus stable ou plus sûr ? » Pour certains, cette décision de supprimer Linux ne serait pas une bonne idée : « la décision de la chute du 486DX n'est peut-être pas vraiment une bonne idée. Je peux comprendre que l'on abandonne certaines de ces puces sur la liste parce qu'elles ne sont plus fabriquées et n'ont pas d'émulation FPGA. Pensez-y pour lancer des suites de tests afin de vous assurer que les versions sont bonnes, vous devez vraiment avoir du matériel dans un état décent », indique l’un d’entre eux.
Étant donné que rien n'est encore décidé, la réaction des membres de ces différentes communautés pourrait influencer sur la décision finale. La discussion sur l'abandon du support des anciens processeurs a été lancée vendredi au sein de l'association « Old platforms : bring out your dead » et se poursuit dans des forums.
Source : Arnd Bergmann
Et vous ?
ARM, AMD ou Intel, quel est votre préférence ?
Êtes-vous pour ou contre cette décision des développeurs du noyau Linux ?
Voir aussi :
UOS Linux : faites la connaissance du nouvel OS chinois capable de « booter en 30 s » sur des processeurs locaux et sur lequel le pays compte pour remplacer Windows
Linux : Microsoft offre jusqu'à 100 000 $ à qui peut pirater sa version personnalisée du système d'exploitation dédiée à la sécurisation de ses solutions d'entreprise pour l'IoT
Linux est maintenant pris en charge sur la Nintendo 64, l'annonce a été précédée par celle de Sony sur son nouveau pilote du noyau Linux pour la PlayStation 5
Les Mac ARM d'Apple ne peuvent pas lancer Windows via Boot Camp pour l'instant, car la licence de Microsoft ne le permet pas
Partager