Telegram a gagné 25 millions de nouveaux utilisateurs ces 72 dernières heures,
profitant de l'annonce du changement dans la politique de confidentialité de WhatsApp et de la fermeture de Parler
WhatsApp, le service de messagerie appartenant à Facebook, a alerté les utilisateurs d'une mise à jour de ses conditions de service et de sa politique de confidentialité qui devrait entrer en vigueur le 8 février 2021.
Les « mises à jour clés » concernent la manière dont WhatsApp traite les données des utilisateurs, « comment les entreprises peuvent utiliser les services hébergés par Facebook pour stocker et gérer leurs discussions WhatsApp » et « comment nous nous associons à Facebook pour offrir des intégrations dans les produits de l'entreprise Facebook ».
Les modifications obligatoires permettent à WhatsApp de partager plus de données utilisateur avec d'autres sociétés Facebook, y compris les informations d'enregistrement de compte, les numéros de téléphone, les données de transaction, les informations relatives au service, les interactions sur la plateforme, les informations sur les appareils mobiles, l'adresse IP et d'autres données collectées : « à l'heure actuelle, WhatsApp partage certaines catégories d'informations avec des entités Facebook. Les informations que nous partageons avec les autres entités Facebook incluent les informations d'enregistrement de votre compte (comme votre numéro de téléphone), les données de transactions, des informations liées à des services, des informations sur la façon dont vous interagissez avec d'autres, y compris des entreprises, lorsque vous utilisez nos Services, les informations sur votre appareil mobile, votre adresse IP, et peuvent inclure d'autres informations identifiées dans la section de la Politique de confidentialité titrée "Informations que nous recueillons", ou obtenues après vous en avoir averti(e) ou sur la base de votre consentement ».
Une section qui a fait l'objet d'une réécriture majeure est « Informations collectées automatiquement », qui couvre « Informations sur l'utilisation et le journal », « Informations sur le périphérique et la connexion» et «Informations sur l'emplacement».
Voici ce qui est marqué :
« Informations relatives à l'utilisation et à la connexion. Nous recueillons les informations concernant votre activité dans nos Services, telles que les informations relatives aux services, diagnostics et performances. Cela inclut les informations concernant votre activité (y compris votre utilisation de nos Services ; vos paramètres et réglages dans nos Services ; vos interactions avec les autres utilisateurs de nos Services (notamment lorsque vous interagissez avec une entreprise) ; ainsi que l'heure, la fréquence et la durée de vos activités et interactions), vos fichiers journaux, les diagnostics, les incidents, les sites web ainsi que les journaux et rapports de performances. Cela inclut également les informations concernant le moment où vous vous êtes inscrit(e) pour utiliser nos Services ; les fonctionnalités que vous utilisez, telles que notre messagerie, les appels, le statut, les groupes (y compris le nom de groupe, la photo de groupe, la description de groupe), les paiements ou les fonctionnalités commerciales ; la photo de profil ; l'actu ; si vous êtes en ligne ou non ; la dernière fois que vous avez utilisé nos Services (votre « vu à ») ; et la dernière fois que vous avez mis à jour les informations de votre actu. »
Parler a été déconnecté
En parallèle, AWS a déconnecté les serveurs de Parler suite à son implication supposée dans l'organisation des émeutes du Capitole.
Parler a été lancé en 2018 comme une alternative « libre expression » à Twitter et Facebook. En 2019 et 2020, il a attiré un certain nombre d'utilisateurs conservateurs, de droite et d'extrême droite. L'utilisation a considérablement augmenté ces derniers jours à la suite des événements de mercredi au Capitole américain ainsi qu'à la suspension des comptes de Donald Trump sur les médias sociaux comme Facebook et Twitter ou d'autres plateformes comme Twitch et Snap.
Parler est devenu un refuge pour les personnes bannies de ces sites populaires. L'entreprise basée à Henderson, au Nevada, s'est présentée comme une alternative à la liberté d'expression sur les réseaux sociaux traditionnels et a adopté une approche plus détendue de la modération de contenu, attirant les théoriciens du complot et les membres de groupes haineux qui ont ouvertement incité à la violence.
Avant Amazon, Apple et Google ont retiré l'application de leur boutique parce qu'ils estimaient qu'elle n'avait pas suffisamment surveillé les messages de ses utilisateurs, en autorisant trop de messages qui encourageaient la violence et la criminalité. La suspension par Google est intervenue vendredi lorsque l’entreprise a confirmé que l'application n'est plus sur le Play Store.
« Afin de protéger la sécurité des utilisateurs sur Google Play, nos politiques de longue date exigent que les applications affichant du contenu généré par les utilisateurs aient des politiques de modération et une application qui supprime les contenus flagrants comme les messages qui incitent à la violence. Tous les développeurs acceptent ces conditions et nous avons rappelé à Parler cette politique claire au cours des derniers mois », a dit la société dans une déclaration envoyée à plusieurs médias.
« Nous sommes conscients de la poursuite de la publication dans l'application Parler qui cherche à inciter à la violence aux États-Unis. Nous reconnaissons qu'il peut y avoir un débat raisonnable sur les politiques de contenu et qu'il peut être difficile pour les applications de supprimer immédiatement tout contenu violent, mais pour que nous puissions distribuer une application par le biais de Google Play, nous exigeons que les applications mettent en œuvre une modération robuste pour les contenus flagrants ».
Vendredi, Apple a donné à Parler 24 heures pour débarrasser son application des messages incitant à la haine des partisans de Trump ou la retirer de son App Store. Parler a semblé retirer certains postes pendant cette période, mais samedi, Apple a déclaré à la société que ses mesures étaient inadéquates. « Nous avons toujours soutenu la représentation de divers points de vue sur l'App Store, mais il n'y a pas de place sur notre plateforme pour les menaces de violence et les activités illégales », a déclaré Apple dans un communiqué.
Une situation qui profite à Telegram ?
Sans surprise, une situation comme celle-ci peut profiter à la concurrence. Et c'est probablement le cas avec l'application de messagerie Telegram.
Selon le fondateur et PDG Pavel Durov, Telegram a gagné 25 millions de nouveaux utilisateurs au cours des 72 dernières heures en dépassant les 500 millions d'utilisateurs mensuels actifs. À titre de comparaison, l'application comptait en moyenne environ 1,5 million de nouveaux utilisateurs par jour en 2020, ce qui était déjà assez impressionnant. Durov pense que cela tient avant tout à la simple promesse de confidentialité et de sécurité de son entreprise.
La majeure partie des nouveaux utilisateurs vient d'Asie (38%), d'Europe (27%) et d'Amérique latine (21%), avec environ 8% s'inscrivant dans la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord). Bien que cela ne soit pas explicitement indiqué dans l'article de Durov, il y a probablement un bon nombre d'orphelins de Parler qui rejoignent Telegram (bien qu'il existe des différences entre les fonctions des deux applications, il est dit que d'anciens utilisateurs de Parler se dirigent vers des applications de messagerie chiffrées à la recherche d'une plateforme disposant d'un système plus privé). Signal a connu une augmentation similaire de sa popularité pour la même raison.
Telegram a récemment présenté ses plans pour générer des revenus, mais a promis que la confidentialité des utilisateurs ne sera pas compromise. Les publicités ne seront utilisées que dans les canaux un à plusieurs et les fonctionnalités premium payantes seront destinées aux entreprises et aux utilisateurs expérimentés. Tout ce que vous utilisez actuellement gratuitement restera gratuit.
Il y a eu une petite controverse plus tôt : des chercheurs ont trouvé que l'application Telegram permet aux pirates informatiques de trouver facilement votre position précise lorsque vous utilisez un appareil Android et que vous activez une fonction qui permet aux utilisateurs qui sont géographiquement proches de vous de voir votre emplacement. La vulnérabilité existe également sur certains iPhone. Le chercheur, qui a découvert la vulnérabilité de divulgation d’emplacement et qui l'a signalée de façon responsable aux développeurs de Telegram, a déclaré que ces derniers n'avaient pas l'intention de la corriger.
« Merci de nous avoir contactés. Les utilisateurs dans la section "People Nearby" partagent intentionnellement leur emplacement, et cette fonction est désactivée par défaut. On s'attend à ce qu'il soit possible de déterminer l’emplacement exact sous certaines conditions. Malheureusement, ce cas n'est pas couvert par notre programme de prime aux bogues ».
Le problème provient d'une fonctionnalité appelée "People Nearby" (Personnes à proximité). Par défaut, elle est désactivée. Lorsque les utilisateurs l'activent, leur distance géographique est indiquée aux autres personnes qui l'ont activée et qui se trouvent dans la même région géographique (ou qui usurpent leur emplacement). Utilisée comme prévue, il s'agit d'une fonction utile qui ne pose que peu ou pas de problèmes de confidentialité. Toutefois, une notification indiquant qu'une personne se trouve à 1 kilomètre ou 600 mètres laisse toujours les harceleurs deviner où, précisément, vous vous trouvez.
Bien que les mobinautes doivent activer cette fonction (qui est d'ailleurs automatiquement désactivée après la mise à jour), le chercheur à l'origine de cette découverte rappelle que ce ne sont pas tous les utilisateurs qui sont conscients qu’en activant "People Nearby", ils partagent ainsi leur emplacement, voire leur adresse personnelle. « La plupart des utilisateurs ne comprennent pas qu'ils partagent leur emplacement, et peut-être leur adresse personnelle », a noté le chercheur indépendant Ahmed Hassan. « Si une femme utilise cette fonctionnalité pour discuter avec un groupe local, elle peut être traquée par des utilisateurs indésirables ».
Source : Pavel Durov
Et vous ?
Êtes-vous sur la messagerie WhatsApp ? Le changement dans sa politique de confidentialité et ses conditions d'utilisations vont-elles vous empêcher d'y avoir recours à nouveau ? Pourquoi ?
Que pensez-vous des alternatives comme Telegram ?
Telegram pourrait-il être l'un des bénéficiaires de la situation avec WhatsApp et Parler ou simple fruit du hasard ?
Voir aussi :
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