Apple poursuivi en justice après s'être appuyé sur un système de reconnaissance faciale défaillant,
pour accuser à tort un adolescent de vol à l'étalage dans plusieurs États
Dans une plainte déposée le 22 avril 2019, un étudiant américain a déclaré que le système de reconnaissance faciale de l’éditeur d’iOS était à l’origine de son arrestation injustifiée dans une série de vols au sein de plusieurs Apple Store (New Jersey, Delaware, Manhattan et Boston). Ousmane Bah a réclamé à l’entreprise pas moins d’un milliard de dollars à la marque.
Ousmane Bah, 18 ans au moment du dépôt de la plainte, a déclaré avoir été arrêté à son domicile à New York en novembre 2018 et accusé d'avoir volé dans un magasin Apple. Le mandat d'arrêt comprenait une photo qui ne ressemblait pas à Bah, a-t-il déclaré. L'un des vols dont il a été accusé, à Boston, a eu lieu en juin 2018, un jour où il assistait au bal de promo dans son établissement à Manhattan, a-t-il noté.
Il considère que le logiciel de reconnaissance faciale s’est trompé car ses informations personnelles y ont été associées par erreur au visage du voleur. D’après lui, ces informations auraient été obtenues par le biais de son permis de conduire provisoire qu’il avait perdu et qui aurait été retrouvé par le véritable voleur. Sur celui-ci figurait son nom, son adresse, ainsi que d’autres informations personnelles, mais il ne comprenait pas de photo. Ousmane Bah pense ainsi que le véritable voleur l’a utilisé comme pièce d’identité dans les Apple Store.
Les produits volés ce jour-là valaient 1200 dollars. Selon la plainte, le détective de la police de New York, John Reinhold, a d'abord remarqué que Bah « ne ressemblait en rien » au suspect dans la vidéo de surveillance d'un Apple Store de Manhattan qui a été volé. Par la suite, le détective a expliqué qu’Apple a identifié les suspects de vol à l’aide de la technologie de reconnaissance faciale. Une information qu’Apple a vite démentie, déclarant ne pas utiliser la reconnaissance faciale dans ses magasins. Security Industry Specialists Inc., une entreprise de sécurité également citée à titre de défendeur, a refusé de faire un commentaire.
Certains médias ont rapporté que lorsqu’ils ont contacté Reinhold pour avoir ses commentaires suite à cette déclaration. Il a reconnu qu'Apple n'avait techniquement pas de reconnaissance faciale dans ses magasins, mais que ses déclarations telles que décrites dans la plainte étaient correctes. Il a refusé de répondre à d'autres questions, mais il convient de noter que le deuxième accusé de la poursuite, Security Industry Specialists Inc, pourrait expliquer la contradiction : il est possible que ce soit cette entreprise qui s’est servi de la reconnaissance faciale pour analyser des séquences de sécurité après le fait, et éventuellement en dehors des installations d'Apple.
SIS Security ne mentionne pas explicitement Apple en tant que client sur son site Web public, mais la société tierce semble entretenir une longue relation de travail avec Apple. Un manuel de l'employé 2016 hébergé sur son site Web spécifie Apple en tant que client.
Plainte dans L'État du Massachusetts
Vendredi 28 mai, Apple et son entrepreneur en sécurité Security Industry Specialists (SIS) ont été poursuivis dans le Massachusetts dans le cadre d'une plainte pour diffamation multijuridictionnelle et poursuite malveillante déposée au nom d'Ousmane Bah. La plainte soutient qu'Apple et SIS ont fait preuve d'un mépris téméraire pour la vérité en identifiant à tort Bah comme l'auteur de plusieurs crimes de vol à l'étalage chez iStores, conduisant à son arrestation injustifiée et à la diffamation.
La plainte qui a été déposée devant la US District Court dans le Massachusetts vise à réactiver les accusations relatives aux événements de Boston qui ont été exclues des litiges en cours à New York. Une troisième affaire connexe est en cours d’audition dans le New Jersey.
« Cette plainte découle de fausses accusations criminelles répétées contre le demandeur par les défendeurs pour des vols sur la côte Est qui ont été effectivement été commis par un ou plusieurs imposteurs en Pennsylvanie, New Jersey, New York, Connecticut et Massachusetts entre avril 2018 et février 2019. Ces accusations incluaient un vol à Boston, MA en mai 2018 et un à Holyoke, MA en décembre 2018, qui sont à l'origine de cette plainte.
« Cette plainte allègue que les pratiques d’enquête des défendeurs qui ont conduit à ces fausses allégations étaient inadéquates et n’ont fourni aucune base raisonnable pour ces accusations, qui ont été faites dans un mépris téméraire pour leur vérité ou leur fausseté. Les accusations du défendeur privé Apple et du SIS étaient intrinsèquement déraisonnables, car elles étaient fondées sur des informations qui, à première vue, n'étaient pas fiables. Les accusations répétées des défendeurs dans lesquelles ils ont affirmé que le demandeur est voleur dans plusieurs juridictions ont créé une réaction en chaîne, entraînant de fausses accusations récurrentes alors que le véritable imposteur continuait à voler à l'étalage.
« Le comportement imprudent et malveillant d'Apple et de SIS est en outre mis en évidence par le fait qu'ils poursuivent des accusations criminelles injustifiées contre le demandeur tout en ne conservant pas simultanément la preuve vidéo des vols et la véritable identité de l'imposteur – une preuve qui aurait définitivement disculpé le demandeur ».
La loi permet à Apple et SIS de se tromper dans les accusations liées à la sécurité des magasins ; ils ne peuvent donc pas être poursuivis pour des erreurs. Cependant, s'ils font preuve d'un « mépris impudent de la vérité » (ignorant des faits évidents, par exemple), ils perdent ce privilège.
Parmi les allégations les plus surprenantes de l'affaire, il y a le fait qu'un vice-président du SIS a faussement affirmé qu'aucun employé du SIS n'avait jamais identifié Bah auprès de la NYPD ou d'Apple. La plainte pointe vers une pièce qui a été soumise comme preuve; un e-mail d'un employé du SIS à un détective du NYPD identifie en fait Bah comme le voleur à l'étalage.
La plainte affirme également qu'Apple et SIS ont supprimé de manière sélective des preuves vidéo qui les auraient exposés à une éventuelle responsabilité pénale et civile pour le dépôt de fausses plaintes auprès de la police.
En outre, elle affirme que l'appréhension de Bah était en partie due à l'application d'une technologie de reconnaissance faciale peu fiable dans les incidents de vol à l'étalage à New York.
Bah, un Afro-américain a obtenu un permis d'apprenti conducteur temporaire de l'État de New York en mars 2018 à l'âge de 17 ans, alors qu'il était l'un des meilleurs élèves à la Bronx Latin Academy, un lycée de la ville de New York. Le document comprenait sa taille, son poids, sa date de naissance et la couleur de ses yeux, mais aucune photographie. Selon le dossier du tribunal du Massachusetts, il avait perdu le permis temporaire en mai de cette année-là, mais avait obtenu une copie plastifiée permanente contenant sa photo.
Source : plainte
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