Les sondages font-ils la pluie et le beau temps électoral ou ne sont-ils que des thermomètres de l'opinion publique? Les experts divergent sur la question. «
Il fut un temps où les sondages étaient des éléments de mesure. Mais ce n'est plus le cas aujourd'hui», analyse le sénateur Jean-Pierre Sueur (PS) qui, en 2010, avec son collègue Hugues Portelli (LR), a publié un rapport parlementaire sur le sujet. Deux effets sont traditionnellement avancés. Le premier, dit «Underdog», joue en faveur du candidat en retard dans les sondages: ses partisans se mobilisent, à l'inverse de ses opposants qui croient la victoire acquise. L'effet dit «BandWagon» crée au contraire chez les indécis une mobilisation pour le favori. Certains chercheurs, notamment aux Etats-Unis, estiment que ces deux effets s'annulent mutuellement. Pour autant, Jean-Pierre Sueur, joint par le Figaro, considère qu'«un consensus apparaît au fil des ans pour reconnaître que les sondages produisent bel et bien des effets particuliers». Alain Garrigou, professeur de Science politique à l'Université Paris-Ouest, va plus loin en estimant que «
les sondages faussent le jeu politique». Les sondages transformeraient le sens de l'élection en faisant de l'électeur un «stratège». Avec le vote utile, celui-ci ne voterait plus par conviction, mais davantage pour que tel candidat ne soit pas élu. «Ensuite, l'électeur se lasse. Chirac a dévissé en deux ans, Sarkozy en six mois, Hollande en deux», explique Alain Garrigou.
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