Google développe ses propres processeurs pour les ordinateurs portables Chromebook
le développement de puces en interne devient un facteur de compétitivité
Après Apple, Facebook, Amazon et Alibaba Group Holding, c'est maintenant au tour de Google de se lancer dans la production de puces en interne pour ses futurs appareils. Le géant de Mountain View aurait commencé à développer ses propres processeurs centraux pour ses ordinateurs portables et tablettes alimentés par ChromeOS. Des personnes ayant connaissance du projet de l'entreprise ont rapporté que ces nouveaux processeurs sont destinés aux prochaines générations de tablettes et ordinateurs portables qui commenceront à être livrés aux alentours de 2023.
Les plans de Google constituent le dernier signe en date que les grands acteurs de la technologie considèrent le développement de puces en interne comme un élément clef de leur compétitivité. Selon les sources, qui ont été interrogées par le média Nikkei Asia, les nouveaux processeurs et les processeurs mobiles que Google développe sont basés sur les architectures d'ARM, la société de puces britannique contrôlée par SoftBank et dont la propriété intellectuelle est utilisée dans plus de 90 % des appareils mobiles dans le monde. Apple et d'autres géants se sont aussi basés les architectures d'ARM pour fabriquer leurs propres processeurs.
L'intérêt croissant de Google pour le développement de ses propres puces intervient alors que ses rivaux mondiaux poursuivent une stratégie similaire pour différencier leurs offres. Les Américains Amazon, Facebook, Microsoft et Tesla et les Chinois Baidu et Alibaba Group Holding s'efforcent tous de fabriquer leurs propres semiconducteurs pour alimenter leurs services en nuage et leurs produits électroniques. Selon les sources, Google a été particulièrement inspiré par le succès d'Apple. Ce dernier a développé les composants clefs et les semiconducteurs pour les iPhone à partir de 2010, et plus récemment pour les Mac.
La firme de Cupertino annoncé l'année dernière qu'il abandonne Intel pour équiper ses Mac de processeurs maison, après avoir embarqué les puces d'Intel pendant quatorze ans. L'un des premiers produits de la société est la puce M1. Annoncé pour la première fois le 10 novembre 2020, l'Apple M1 est un système sur une puce ARM 64 bits pour ordinateur mobile et de bureau. Il est la première puce à utiliser une architecture ARM sur des ordinateurs Apple ; il alimente le MacBook Pro M1 et le MacBook Air M1 sortis en novembre 2020. D'après les sources, Google veut marcher dans les pas d'Apple.
Séparément, Google nourrirait de grands espoirs pour sa prochaine gamme de téléphones, les Pixel 6, et aurait demandé aux fournisseurs de préparer 50 % de capacités de production supplémentaires pour les combinés par rapport au niveau prépandémique en 2019. Google a expédié plus de 7 millions de téléphones Pixel en 2019, son chiffre le plus élevé jamais atteint, mais n'a expédié que 3,7 millions de téléphones l'année suivante alors que la Covid ravageait le monde. Google aurait déclaré à plusieurs fournisseurs lors de récentes réunions qu'il voyait un potentiel d'opportunités de croissance massive sur le marché mondial.
Il serait le seul fabricant américain de smartphones construisant des combinés utilisant le système d'exploitation Android. En qui concerne le projet de Google de développer ses propres puces, les experts estiment que la stratégie de Google est logique, mais qu'elle n'est pas sans difficulté. « Nous avons constaté que tous les géants technologiques se joignent à l'aventure pour construire leurs puces personnalisées, car ils peuvent ainsi programmer leurs propres fonctions dans ces puces afin de répondre à leurs besoins spécifiques », a déclaré Éric Tseng, analyste en chef chez Isaiah Research, à Nikkei Asia.
« Dans ce cas, ces entreprises technologiques pourraient facilement ajuster les charges de travail de R&D sans être limitées par leurs fournisseurs et offrir des services ou des technologies uniques. Dans un scénario idéal, utiliser ses propres puces signifie également une meilleure intégration logicielle et matérielle », a-t-il ajouté. Mais Tseng a ajouté que la fabrication de puces nécessite des investissements massifs et des engagements à long terme, et tous ces nouveaux fabricants de puces doivent se battre pour les capacités de production avec les principaux développeurs de puces existants tels qu'Intel, Nvidia, Qualcomm, etc.
« Le coût de développement d'une puce de pointe en 5 nm avoisine désormais les 500 millions de dollars, contre environ 50 millions de dollars une puce utilisant des technologies de production plus matures, comme la technologie 28 nm. Ainsi, très peu d'acteurs ont les compétences ou les ressources financières pour concevoir leurs propres puces, et les acteurs typiques qui envisagent cette voie ont tendance à être des acteurs extrêmement importants, comme les fournisseurs de services de cloud, ou ont des applications très précieuses pour ces puces personnalisées, a déclaré Peter Hanbury », associé de la société de conseil Bain & Co.
Mais ce n'est pas la première fois que Google se lance dans la conception de puces. Il a commencé à construire son propre silicium - surnommé TPU (tensor processing units) - pour faciliter ses charges de travail pour le calcul de l'intelligence artificielle pour ses serveurs cloud de centre de données en 2016. Il a dévoilé la quatrième génération de TPU en mai dernier. Selon des responsables de la chaîne d'approvisionnement, des employés et les offres d'emploi de Google, il recrute des ingénieurs spécialisés dans les puces dans le monde entier, notamment en Israël, en Inde et à Taïwan, ainsi que des économies technologiques clefs.
Selon des sources, Google a déjà recruté des talents dans le domaine des puces auprès de ses principaux fournisseurs, notamment Intel, Qualcomm et Mediatek. Par ailleurs, Google est l'un des plus importants développeurs de systèmes d'exploitation au monde. La plupart des grands fabricants de téléphones, dont Samsung, Xiaomi, Oppo et Vivo, utilisent Android pour leurs appareils. Google a aussi accordé une licence pour son système d'exploitation Chrome OS à HP, Dell, Acer, AsusTek, Lenovo et Samsung pour construire des Chromebooks, des ordinateurs portables légers destinés principalement au marché de l'éducation.
Selon les données d'IDC, Google a lancé Pixelbook et Pixel Slate, ses propres ordinateurs portables et tablettes fonctionnant sous Chrome OS, respectivement en 2017 et 2018, mais les expéditions annuelles étaient inférieures à un demi-million d'unités. Les expéditions mondiales de Chromebooks, quant à elles, ont presque doublé l'année dernière grâce au boom de l'apprentissage à distance stimulé par la pandémie. Les expéditions ont continué de croître au cours du premier semestre de 2021, mais le rythme s'est fortement ralenti depuis juillet.
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