Toute la gauche française, y compris les Verts, défend le «droit à l’enfant» au nom de l’égalité, cependant que la plupart de ceux qui se prétendent anti-industriels préfèrent se taire ou parler d’autre chose, et déplorent à mi-voix nos tendances au «clivage» et à la «provocation». Evidemment, l’égalité des droits n’a rien à voir avec la reproduction sexuée du vivant, qui passe par la rencontre de deux individus de sexes différents. Même le Conseil d’Etat, la plus haute juridiction française, rappelle que l’ouverture de la PMA aux femmes seules et aux couples de femmes n’est pas une question d’égalité, mais un choix politique. C’est bien sûr la technologie qui permet cette escroquerie politique : il ne s’agit plus de la possibilité biologique de faire un enfant, mais du droit d’accès à un service techno-industriel. Ce qui revient à faire de l’enfant un produit manufacturé et conduira tout naturellement à demander le contrôle qualité et l’amélioration de ce produit, puis le meilleur produit disponible. Il s’agit de troquer les hasards de la naissance –qui vient de natura,«nature» en latin –pour des mécanismes programméset standardisés. La machine à faire des bébés impose ses procédures technifiées. Nulle liberté dans ce transfert de puissance: croyant s’affranchir des exigences de la nature, les techno-progressistes se soumettent à la dépendance envers l’industrie et ses biocrates.Parmi les féministes en France, les rares à critiquerla reproduction artificielle, comme Marie-Jo Bonnet, sont marginalisées. Il n’y a pas de débat au sein des mouvements féministes où les néo-sexistes exercent une police de la pensée tyrannique. Toute contestation est assimilée à «l’extrême-droite réactionnaire».Nous sommes d’autant plus surpris, mais satisfaits, quand Anselme Jappe, théoricien reconnu de la «critique de la valeur», finit par publier ces jours-ci sur son blog5, une tribune résumant de manière excellente les critiques que nous avons portées depuis 2014 dans trois ouvrages6.
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