La startup Lonestar annonce son projet d'enterrer une ferme de serveurs sur la Lune
pour y sauvegarder la mémoire de l'humanité qui serait moins en sécurité sur Terre
La startup Lonestar Data Holdings inc. a dévoilé cette année son projet visant à lancer une série de centre de données sur la surface lunaire. L'entreprise a expliqué qu'elle souhaite stocker des données dans des centres de données situés à l'intérieur des tubes de lave creux soupçonnés de tapisser la surface de la Lune. L'idée est d'aider les futures missions lunaires et, potentiellement, de sauvegarder les connaissances humaines après la disparition de la Terre. Elle a également annoncé avoir passé un contrat avec Intuitive Machines pour ses deux premières missions sur la surface lunaire et pour la construction du premier centre de données sur la Lune.
Après les centres de données hyperscales sur la Terre et les centres de données sous-marins, Lonestar veut maintenant délocaliser les centres de données de la Terre. Entièrement financée par des fonds de capital-risque, Lonestar ambitionne de fournir les services de données et les communications depuis le plus grand satellite de la Terre, la Lune, en fournissant une plateforme pour l'infrastructure de données critiques et le traitement périphérique, et en tirant parti de ses dépôts de spectre UIT pour permettre les communications à large bande. Elle estime qu'il s'agit d'un endroit beaucoup plus sûr pour stocker des informations importantes.
Lonestar pense que le stockage de données sur la Lune est plus sûr que le "Svalbard Global Seed Vault" en Norvège, une installation conçue pour éterniser les efforts de culture de l'humanité. « Si nous ne le faisons pas, qu'adviendra-t-il de nos données sur Terre ? La banque de semences a été inondée en raison des effets du changement climatique. Elle est également sensible à d'autres formes de destruction comme la guerre ou les cyberattaques », a déclaré Christopher Stott, fondateur et PDG de Lonestar. Selon la startup, il y a plusieurs avantages à créer des centres de données sur la Lune pour y stocker les données de l'humanité.
L'un des principaux avantages du stockage de données sur la Lune serait que sa face proche est toujours tournée vers la Terre, ce qui signifie qu'il est possible d'établir une communication constante et directe en visibilité directe entre les appareils de la Lune. L'entreprise a annoncé en avril qu'elle s'appuie sur son expérience et fait déjà "tourner le premier serveur Web au monde dans la station spatiale internationale". En outre, elle a signé un contrat avec Intuitives Machines pour lancer sur la Lune des démonstrations technologiques précoces dans le cadre du programme "Commercial Lunar Payload Services" de l'agence spatiale.
Intuitive Machines est une entreprise aérospatiale financée par la NASA. Le test initial est uniquement logiciel, le matériel de l'atterrisseur Nova-C d'Intuitives Machines stockant les données du prototype de Lonestar. Lors d'un second lancement, prévu l'année prochaine, Lonestar prévoit d'envoyer sur la surface lunaire son premier prototype matériel doté de 16 téraoctets de mémoire. Cependant, en dehors du fait que l'idée semble tout droit sortir d'un film de science-fiction, l'entreprise a encore de nombreux obstacles à surmonter. Tout d'abord, il s'est avéré extrêmement difficile de faire atterrir pratiquement n'importe quoi sur la Lune.
Les atterrissages en douceur sur la Lune sont notoirement difficiles ; de nombreuses tentatives des Soviétiques et des États-Unis dans les années 1960 se sont soldées par un échec. Les deux dernières tentatives qui se sont mal terminées ont eu lieu en 2019, lorsque la société israélienne SpaceIL et l'agence spatiale nationale indienne ont respectivement écrasé leurs atterrisseurs lunaires Beresheet et Chandrayaan-2. La forte attraction gravitationnelle de la Lune et son atmosphère très fine signifient que les vitesses auxquelles les engins spatiaux s'approchent de la surface doivent être considérablement ralenties en un court laps de temps pour se poser en douceur.
Et il y a les conditions inhospitalières qui règnent sur la surface lunaire, avec des températures qui varient considérablement et la présence de radiations cosmiques ininterrompues, qui ne sont pas exactement les conditions idéales pour un centre de données. En effet, la température à la surface de la Lune peut passer d'une température torride de 106°C le jour à -183°C la nuit. Pour contrer cela, Lonestar envisage de stocker ses centres à l'intérieur de tubes de lave lunaire, qui pourraient offrir un environnement beaucoup plus stable. Mais le problème est que ces tubes restent hypothétiques et personne n'en a jamais visité un, ni même installé du matériel de serveur.
Pour l'instant, l'entreprise semble peu claire sur la façon dont elle maintiendra ses futures installations sur la surface de la Lune dans un environnement adéquat pour assurer la viabilité des matériels et le bon transit de l'information entre la Terre et son satellite naturel. En outre, Lonestar est encore en train de déterminer les débits de la bande passante et a annoncé avoir obtenu des autorisations pour transmettre des données vers la Lune et les ramener sur Terre dans les bandes S, X et Ka du spectre radioélectrique. Une fois établie, la société pourrait fournir aux futures missions lunaires une infrastructure de transmission de données critique.
Elle considère cela comme un élément important de toute tentative d'établir notre présence sur la Lune. Par ailleurs, en dehors du caractère hypothétique des tubes de lave lunaire et des difficultés précédemment citées, Lonestar doit également répondre aux préoccupations sur les éventuels changements ainsi que la pollution que ses centres de données pourraient engendrer sur la surface de la Lune. En fait, les serveurs qui constitueront les centres de données lunaires de Lonestar seront fabriqués sur la Terre, ce qui signifie que c'est cette dernière qui subira l'impact environnemental de leur fabrication.
Toutefois, le fonctionnement des centres de données est la phase critique de leur cycle de vie. Elle inclut différents éléments : le fonctionnement 24H/24 des serveurs et le refroidissement des serveurs. Lonestar n'a pas indiqué la façon dont elle assurera ces deux éléments, mais elle pourrait compter sur l'énergie solaire pour alimenter les serveurs. Par contre, les experts pensent que leur refroidissement pourrait être plus compliqué qu'il paraît. Les scientifiques tendent à prouver la présence de l'eau sur la Lune, mais l'on ignore encore si elle est disponible en quantité suffisante pour permettre des exploitations industrielles comme les centres de données.
À ce propos, des critiques craignent que l'exploitation abusive des ressources en eau de la Lune, dont l'existence se discute toujours, réchauffe davantage la surface de la Lune. Selon eux, ajouté aux températures extrêmes qu'elle subit déjà pendant la journée, ce réchauffement pourrait engendrer des changements irréversibles pour l'unique satellite naturel de la Terre. De nombreuses questions demeurent encore sans réponses en ce qui concerne l'installation de centres de données sur la surface de la Lune. Lonestar est toutefois convaincue que la survie de la mémoire de l'humanité passe par la délocalisation de la sauvegarde des informations vers la Lune.
« Les données sont la plus grande monnaie créée par la race humaine. Nous en sommes dépendants pour presque tout ce que nous faisons et elles sont trop importantes pour nous en tant qu'espèce pour les stocker dans la biosphère de la Terre, toujours plus fragile. Le plus grand satellite de la Terre, notre Lune, représente l'endroit idéal pour stocker notre avenir en toute sécurité », a déclaré le fondateur de Lonestar, Christopher Stott.
Source : Communiqué de presse de Lonestar
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