La marine américaine se dote d’un navire de transport autonome, sans pilote et sans équipage
Capable de fonctionner 30 jours d’affilée sans aucune intervention humaine

La marine américaine vient de recevoir un prototype de navire à grande vitesse capable de fonctionner pendant une trentaine de jours en mer de manière totalement autonome. Doté d’un système de contrôle indépendant permettant d’automatiser le maximum de processus sur le navire, l’USNS Apalachicola (T-EPF-13) est le plus grand bâtiment sans pilote fabriqué par l’US Navy jusqu’ici. Il permet entre autres le transport de troupes, d’armes ou de chars et dispose même d’un héliport, ouvrant ainsi la porte à de nombreuses possibilités de missions militaires sans humains.

Mis en œuvre par Austal USA, un constructeur naval localisé à Mobile, en Alabama, l’USNS Apalachicola (T-EPF-13) est un transport rapide expéditionnaire (EPF) de type catamaran, doté de capacités autonomes et semblable aux 12 autres catamarans à grande vitesse que la société a fabriqués pour la marine américaine depuis 2012.

Selon le constructeur américain, ce navire de la classe Spearhead est équipé d’un système de contrôle de la machine (MCS) à fonctionnement autonome, développé au sein même de l’entreprise. Ce système, qui équipe tous les navires de la classe Spearhead, a été conçu pour "réduire au minimum le nombre des membres d’équipage en mer en centralisant les opérations des machines au niveau du pont".


Toutefois, l’USNS Apalachicola (T-EPF-13) se distingue de ses ainés par le fait qu’il est le premier navire à être équipé d’un logiciel de maintenance automatisée, de surveillance de l’état des unités et des appareils et de préparation aux missions. Cet équipement devrait permettre au navire de fonctionner "jusqu’à 30 jours sans intervention humaine", a indiqué la société. Le système lui permettra également de suivre un itinéraire donné, de répondre aux changements de situation et d’effectuer des tâches simples comme communiquer avec un opérateur distant.

L’Apalachicola sera le plus grand navire sans pilote jamais construit par la marine américaine

Avec une longueur de 103 mètres, une largeur de 28,5 mètres et une structure principale en alliage d’aluminium, l’USNS Apalachicola est considéré comme le plus grand véhicule autopropulsé jamais construit par la marine américaine à ce jour.

Propulsé par quatre moteurs diesel MTU 20V8000 M71L d’une puissance de 12 205 chevaux, le navire peut atteindre une vitesse maximale de 43 nœuds (environ 79 km/h), une autonomie de 1 200 miles nautiques à vitesse économique et dispose d’une capacité de charge utile maximale de 544 tonnes métriques ainsi que d’une surface totale d’environ 1 900 m2 lui permettant le transport des troupes, d’équipements, d’armes, de chars, et de diverses cargaisons.

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Par ailleurs, l’Apalachicola possède une coque peu profonde et un tirant d’eau de seulement 3,8 mètres lui permettant de manœuvrer dans des eaux peu profondes, là où d’autres navires de la même taille ne peuvent le faire. Il peut ainsi servir d’appui pour les opérations de vol à décollage et atterrissage vertical des appareils tiltrotor V-22 Osprey ou pour l’utilisation des bateaux pneumatiques à coque rigide de 11 mètres de long de la marine américaine.

Le nouveau navire-robot pourrait être un signe précurseur des évolutions à venir

Selon Paddy Gregg, PDG d’Austal USA, entre ses potentialités actuelles et futures, l’Apalachicola "ouvrira de nombreuses possibilités de missions sans équipage dans une variété d’opérations en tant que prototype autonome". Le navire pourrait être utilisé comme plateforme de missiles téléguidés, d’armes anti-sous-marines ou d’embarcation de radar. Mais il pourra également intervenir dans les futures opérations de détection ou simplement servir de vaisseau mère pour des drones, rajoute M. Gregg.

L’initiative USNS Apalachicola (T-EPF-13) n’est cependant pas une première, car les États-Unis ne ménagent pas leurs efforts pour prendre part à la course aux navires-drones. La marine américaine dispose en effet de son propre escadron de navires sans pilote et a réceptionné l’an dernier ses premiers prototypes de navires issus du programme Ghost Fleet Overlord, pour l’évaluation des navires autonomes du Pentagone. Plusieurs entreprises privées collaborent par ailleurs avec l’US Navy pour tester des voiliers autonomes pour la collecte de renseignements et la surveillance.

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La situation n’est pas en reste au niveau des autres pays, car l’année dernière, sept petits navires de surface sans pilotes ont été utilisés pour attaquer la flotte russe dans le port de Sébastopol, en Crimée. La Russie aurait alors riposté en lançant récemment sa propre attaque de navires-drones contre un pont ukrainien. La Chine a également présenté, il y a de cela quelques semaines, ses navires sans équipage, dont un destroyer armé de missiles guidés.

Les navires autonomes ne remplaceront pas de sitôt les navires avec équipages

L’appellation de "navire autonome" attribuée à l’USNS Apalachicola (T-EPF-13) ne veut cependant pas dire que le bâtiment sera totalement exempté d’équipage. Selon Austal, dans sa configuration de base, la classe Spearhead est capable d’accueillir 45 membres d’équipages, dispose de 104 lits pour les membres de troupes embarquées et de 312 sièges-avion pour des personnes supplémentaires, vraisemblablement des Marines transportés sur de courtes distances. Toutefois, l’entreprise n’a pas indiqué combien d’espace à bord a dû être sacrifié pour installer la puissance de calcul nécessaire afin de rendre le navire autonome.

Plusieurs critiques estiment également que l’absence d’équipage à bord du navire impliquerait que celui-ci prenne, de son propre chef, des décisions cruciales comme le moment de tirer sur les ennemis. Ce qui soulèverait des questions d’ordres éthiques et juridiques, notamment concernant l’usage d’armes robotisées. Par ailleurs, en cas de détérioration du navire en pleine mer, l’absence de marins à bord pour effectuer les réparations pourrait rendre les choses vraiment très compliquées.

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Ce fut en effet le cas lorsque IBM et l’association de recherche marine ProMare ont traversé l’océan Atlantique avec un bateau entièrement automatisé. La première tentative, qui a eu lieu en 2021, avait pour but de rejoindre les États-Unis en retraçant l’itinéraire du Mayflower. L’expérience s’est alors soldée par une panne mécanique qui a eu lieu trois jours après l’arrivée à destination et qui a mis le navire hors service. La deuxième tentative a eu lieu en avril 2022 et a provoqué une panne mécanique puis électrique qui a obligé le navire à faire deux escales de maintenance imprévues avant d’atteindre sa destination finale à Plymouth.

Face à ces différents obstacles, il est difficile de dire aujourd’hui si la Marine a l’intention de garder un équipage réduit à bord de l’Apalachicola ou d’affréter un navire de soutien, quitte à réduire notablement le "caractère autonome" du catamaran.

Source : US Navy

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