« Le logiciel n'est qu'un outil qui aide les gens à accomplir quelque chose, mais de nombreux programmeurs n'ont jamais compris cela »
rappelle John Carmack aux programmeurs qui craignent l'IA
Vaut-il encore la peine d'apprendre la programmation ? C'est la question qu'a posée un jeune programmeur à John Carmack, ancien directeur technique d'Oculus chez Meta, au regard de la montée en puissance de l'IA générative, notamment des modèles d'IA générant du code informatique fonctionnel comme GitHub Copilot. Malgré les risques d'automatisation, Carmack a répondu en suggérant que le métier de programmeur devrait probablement offrir de nombreuses opportunités à l'avenir. Il estime que les programmeurs devraient s'en sortir facilement s'ils se concentrent plus sur la valeur que leurs logiciels apportent au monde et moins sur leurs outils.
Dès son lancement, GPT-4, la dernière mouture du grand modèle de langage GPT (Generative Pre-trained Transformer) d'OpenAI, a fait preuve de capacités remarquables, allant de la rédaction de contenu à l'écriture de code informatique. Avant lui, son prédécesseur, GPT-3.5, a intensifié les discussions sur un probable remplacement des programmeurs/développeurs par un logiciel d'IA dans un avenir relativement proche. En se basant sur les prouesses de Copilot, jugées peu convaincantes par certains experts en programmation, le PDG de Github, Tomas Dohmke, a récemment déclaré qu'il s'attendait à ce que l'IA écrive la quasi-totalité du code d'ici cinq ans.
Les grands modèles de langage (LLM) tels que GPT-4 ont appris à traiter le code dans le cadre de leur formation. Ils peuvent fournir un code plus ou moins fiable et sophistiqué dès la sortie de la boîte. Les modèles optimisés et spécialisés dans le code peuvent travailler encore plus efficacement avec les programmeurs. Et tout ceci semble avoir suscité la peur de l'automatisation complète de la profession de programmeur. Certains programmeurs, notamment les jeunes, craignent que l'IA réussisse à faire ce que les outils low-code/no-code n'ont pas réussi à faire depuis des décennies, notamment à rendre les programmeurs non indispensables.
From a DM, just in case anyone else needs to hear this. pic.twitter.com/GZl4twl4wP
— John Carmack (@ID_AA_Carmack) March 18, 2023
En mars, un jeune programmeur a interpelé sur Twitter John Carmack - créateur du jeu vidéo emblématique Doom et d'autres, moteur des percées de la RV depuis dix ans, et aujourd'hui entrepreneur en IA à la recherche d'une intelligence générale artificielle (IGA) - sur la question. « Je suis peut-être en train de faire tout ce travail pour rien. Je crains que l'IA ne rende mon (mes) futur(s) emploi(s) obsolète(s) avant même que je ne l'obtienne », a écrit l'intéressé. En réponse, Carmack a donné à la personne, ainsi qu'aux développeurs inquiets de perdre leurs emplois au profit de l'IA, quelques conseils sur la façon dont il pourrait aborder son métier à l'avenir.
« Si vous développez des compétences complètes en matière de produit et utilisez les meilleurs outils pour le travail, qui aujourd'hui peut être du codage manuel, mais plus tard peut être du guidage par l'IA, vous vous en sortirez probablement », a répondu Carmack. L'ancien directeur technique de Meta Quest (anciennement Oculus), semble expliquer au jeune programmeur que ce qui comptera à l'avenir, ce sont les "compétences en matière de produits", c'est-à-dire la capacité à se concentrer sur les avantages et l'utilité d'une application ou d'un service, et beaucoup moins sur les spécificités des outils qu'un programmeur utilise dans le cadre de son travail.
« Le logiciel n'est qu'un outil qui permet aux gens de réaliser quelque chose, mais de nombreux programmeurs n'ont jamais compris cela. Concentrez-vous sur la valeur ajoutée et ne vous focalisez pas sur les spécificités des outils », a ajouté Carmack. Il suggère que la chose la plus importante pour un programmeur est l'acquisition et l'amélioration de compétences nécessaires pour concevoir, entretenir et améliorer des logiciels ou résoudre des problèmes techniques. Ces compétences de haut niveau sont indispensables même lorsque vous devez utiliser après des outils tels que l'IA générative Copilot, qui semble imiter les qualités d'un programmeur.
D'une manière générale, Carmack pense que la profession de programmeur offrira de nombreuses opportunités au cours de la prochaine décennie. Il s'attend toutefois à ce que la composition de "l'ensemble du domaine" continue à changer. Il a publié sur Twitter une capture d'écran de sa discussion avec la personne et son avis est partagé par certains. « Il est important de connaître ses outils et de savoir comment les utiliser. Mais, en fin de compte, l'essentiel est de fournir de la valeur. Les outils sont simplement un moyen d'y parvenir. Une bonne utilisation des outils devrait donc permettre de fournir une plus grande valeur », a écrit un internaute.
« Les outils ne sont pas importants en soi. Si vous êtes charpentier, il est intéressant de savoir comment utiliser différentes techniques ou différents outils, mais en fin de compte, les gens veulent des tables, des chaises et d'autres choses. Ils se moquent des outils que vous avez utilisés pour les construire », a-t-il continué. Certains apportent tout de même quelques réserves. « C'est un très bon point. La seule réserve que j'ajouterais est qu'il faut parfois entrer dans les détails de l'outil ou du code, car la façon dont il est construit peut signifier des compromis dans ce qui est relativement plus facile ou plus difficile à réaliser dans le produit », a écrit un autre.
Enfin de compte, le consensus semble être ceci : « malgré les capacités avancées de l'IA, il est peu probable qu'elle prenne la place d'un développeur de logiciels dans un avenir prévisible ». Cette conclusion contraste avec de nombreux récents articles selon lesquels l'IA est désormais prête à remplacer tous les travailleurs au sein des entreprises, y compris les programmeurs. Il semble en effet que Carmack et d'autres experts voient l'IA comme un puissant outil qui, à l'avenir, pourrait aider les développeurs à aller plus vite dans leurs tâches et à résoudre les problèmes plus rapidement.
Bien qu'ils s'accordent à dire que l'IA devrait être le moteur de certains bouleversements dans le domaine du génie logiciel, ils semblent sceptiques sur l'idée aujourd'hui largement répandue selon laquelle l'IA pourrait prendre la place des programmeurs. Carmack travaille toutefois sur l'IGA et a estimé qu'il y a 60 % de chances de parvenir à un premier succès d'ici 2030. Il travaillerait à temps plein sur cette vision depuis qu'il a quitté son poste chez Meta.
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Partagez-vous l'avis selon lequel l'IA n'est qu'un simple outil pour les programmeurs ?
Selon vous, quels pourraient être les impacts de l'IA sur le génie logiciel à l'avenir ?
À votre avis, comment les programmeurs peuvent-ils tirer le meilleur parti de l'IA ?
Pensez-vous que la profession de programmeur offrira de nombreuses opportunités à l'avenir ?
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes désireux de devenir programmeurs ou ingénieurs logiciels ?
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