Le "cartel publicitaire" GARM ferme ses portes 48 heures après avoir été poursuivi en justice par le réseau social X d'Elon Musk
et évoque un manque de moyens financiers pour faire face aux allégations

La GARM a brusquement cessé ses activités jeudi et a dissout l'alliance. La nouvelle de la dissolution est intervenue deux jours après que le réseau social X d'Elon Musk a intenté une action en justice contre la GARM. Elon Musk accuse, entre autres, la GARM d'avoir orchestré la chute brutale des recettes publicitaires de X en incitant les membres de l'alliance à boycotter la publicité sur le réseau social. La GARM conteste les allégations du milliardaire. Selon les analystes, la décision d'Elon Musk de Musk de poursuivre la GARM et la dissolution brutale de l'alliance pourrait avoir un "effet dissuasif" sur la manière dont le secteur de la publicité en ligne fonctionnera à l'avenir.

L'action en justice d'Elon Musk provoque la dissolution d'un important lobby d'annonceurs

La GARM (Global Alliance for Responsible Media) a été créée en 2019 par la Fédération mondiale des annonceurs, un réseau de grandes entreprises qui compte parmi ses membres Dentsu, Meta, Microsoft, Omnicom Media Group, Publicis Media, Snap, Spotify, TikTok, entre autres. La coalition a fourni un ensemble de lignes directrices largement utilisées pour les contrôles de sécurité des marques, qui aident les annonceurs à empêcher les contenus préjudiciables (tels que les discours haineux ou les contenus violents) d'apparaître à côté de leurs publicités sur les plateformes de médias sociaux et sur les autres plateformes.


La GARM a annoncé dans un communiqué publié aujourd'hui sur son site Web qu'elle cesse ses activités et que l'alliance a été dissoute. L'alliance a également supprimé la liste des membres de son site Web. Pour cause, un manque de moyens financiers pour faire face aux nombreuses allégations dont l'alliance a été victime au cours des derniers mois. Et selon Business Insider, qui cite un courriel envoyé aux membres, l'alliance affirme avoir des fonds limités et qu'elle se concentrait sur la lutte contre le procès antitrust intenté contre lui par X. Le procès allègue que la GARM a organisé le boycott de X par les annonceurs.

Citation Envoyé par La GARM

La GARM est une petite initiative à but non lucratif, et les récentes allégations qui, malheureusement, dénaturent son objectif et ses activités, ont causé une distraction et ont considérablement épuisé ses ressources et ses finances. La FMA [Fédération mondiale des annonceurs] a donc pris la décision difficile de mettre fin aux activités de la GARM.
Le conflit entre la GARM et Elon Musk, propriétaire du réseau social X (ex-Twitter), remonte au moins à l'année dernière, mais la situation s'est envenimée le mois dernier après une audition du journaliste américain Ben Shapiro devant le Congrès. Lors de son audition, Shapiro a comparé la GARM à un "cartel" qui représente 90 % des dépenses publicitaires américaines. Il a ajouté : « si vous ne suivez pas leurs récits politiques préférés [...], vous ne serez pas considéré comme une marque sûre. Votre entreprise sera étranglée ». Autrement dit, aucun membre du groupe ne diffusera de la publicité sur vos plateformes.

Après les déclarations de Shapiro devant le Congrès, Musk a décidé de faire payer toute personne ou organisation impliquée d'une manière ou d'une autre dans le boycott de la publicité sur X. le milliardaire est convaincu que la gauche conspire contre lui, envisage de poursuivre les annonceurs qui refusent de lui donner de l'argent et exhorte les États américains à engager des poursuites pénales contre toutes les personnes ou organisations prétendument impliquées dans le boycott de X par les annonceurs. Le milliardaire a mis sa menace à exécution cette semaine, X a intenté une action en justice contre la GARM.


X allègue que des entreprises telles que CVS Health, Mars et Unilever avaient conspiré pour retenir des milliards de dollars dans le cadre d'un "boycott publicitaire massif" afin de forcer la plateforme à maintenir certaines normes de sécurité. La plainte, déposée mardi dans le district nord du Texas, cite également la Fédération mondiale des annonceurs, fondatrice de la GARM. De nombreux analystes s'inquiètent des implications potentielles de cette plainte sur l'industrie.

Selon l'action en justice, au moins 18 marques associées à la coalition ont cessé de faire de la publicité sur Twitter en novembre et décembre 2022, que ce soit aux États-Unis ou dans le monde entier. Des dizaines d'autres membres de la coalition ont réduit leurs dépenses publicitaires jusqu'en 2023. Stephan Loerke, directeur général de la Fédération mondiale des annonceurs, a déclaré jeudi que l'organisation "mettrait fin à toutes les activités du GARM avec effet immédiat.

« Nous prenons cette affaire très au sérieux et avons l'intention de réfuter ces allégations devant les tribunaux », a déclaré Loerke dans le courriel, ajoutant que la décision de mettre fin aux activités n'a pas été prise à la légère, mais la GARM est une organisation à but non lucratif et ses ressources sont limitées. Linda Yaccarino, PDG de X, a salué la fermeture de la GARM. Il est important de rappeler qu'elle avait fortement soutenu le retour de X au sein de la GARM.

« Aucun petit groupe ne devrait pouvoir monopoliser ce qui est monétisé. Il s'agit d'une reconnaissance importante et d'un pas nécessaire dans la bonne direction. J'espère que cela signifie qu'une réforme à l'échelle de l'écosystème est à venir », a déclaré Yaccarino dans un message publié sur son compte X.

La GARM est accusée d'avoir recours à des mesures de coercition et Elon Musk est critiqué

La plateforme X de Musk a réintégré la GARM le mois dernier. Le réseau social s'était éloigné de l'alliance après avoir été racheté par Musk pour 44 milliards de dollars fin 2022. L'on ignore les raisons qui ont motivé le retrait initial de X de la GARM, mais on suppose que l'approche "tout est permis" de Musk en matière de modération n'était peut-être pas compatible avec les règles de la GARM. Toutefois, le retour de X n'a pas duré longtemps avant les déclarations de Ben Shapiro devant le Congrès américain, poussant Musk à décider de faire payer la GARM pour le boycott de sa plateforme par les plus gros annonceurs.


En plus d'avoir qualifié la GARM de cartel lors de son audition devant le Congrès, Shapiro a également accusé l'alliance d'avoir recours à des mesures de coercition à l'égard des plateformes en ligne qui ne respectaient pas ses directives. Un rapport publié par le Congrès américain lui-même indique que les fondateurs de la GARM se sont entendus pour réduire au silence les discours et les plateformes conservateurs en violation de la loi antitrust. Un argument très utile à Musk. Il pourrait l'utiliser pour justifier la baisse des revenus publicitaires de X (une chute de près de 50 %) depuis qu'il a racheté l'entreprise fin 2022.

Le rapport indique : « les membres de la GARM se sont entendus pour réduire les revenus de Twitter après l'acquisition par Elon Musk. La collusion pour supprimer les voix et les points de vue désapprouvés par les responsables du marketing des plus grandes entreprises et agences de publicité du monde est au cœur des principes fondateurs de la GARM ». Les législateurs ont précisé dans leur rapport que chaque annonceur peut légalement choisir de ne pas faire de publicité sur une plateforme ou un média de son choix. Toutefois, une seule marque boycottant X n'aurait pas l'impact que la GARM aurait cherché à obtenir.

D'un autre côté, la liberté d'association est généralement reconnue comme étant garantie par le premier amendement de la Constitution des États-Unis, et il existe des précédents montrant que les boycotts sont des discours protégés. Cependant, ce n'est pas tout ce qui rend l'affaire GARM étrange. Musk lui-même a fait des commentaires hostiles aux annonceurs. En novembre dernier, lors d'une interview avec Andrew Ross Sorkin, il a déclaré : « j'espère qu'ils [les annonceurs] arrêteront. Ne faites pas de publicité ». Mais il ne s'est pas arrêté là. Musk s'est aussi publiquement moqué des annonceurs lors de son interview.

Il a ajouté : « si quelqu'un veut me faire chanter avec de la publicité, me faire chanter avec de l'argent, qu'il aille se faire foutre. Allez vous faire foutre. Est-ce que c'est clair ? J'espère que c'est clair ». Alors, le fait que Musk se plaint aujourd'hui que les annonceurs ont boycotté sa plateforme de médias sociaux suscite de nombreuses critiques à son encontre. Bien que le cas de X soit hilarant, Musk semble tout de même avoir atteint son objectif : déstabiliser la GARM. Si l'on ajoute à cela les autres procès intentés par Musk, le thème est clair : si vous vous opposez à Musk, préparez-vous à payer un procès très coûteux.


En juillet dernier, X a intenté un procès à un groupe à but non lucratif qui effectue des recherches sur la haine en ligne, après avoir constaté une augmentation des contenus préjudiciables sur le site. En novembre, X a poursuivi Media Matters for America, après que l'organisation a trouvé des contenus antisémites à côté de publicités de grandes marques. Le rapport est intervenu à un moment où Musk lui-même semblait amplifier les messages antisémites sur le réseau.

À la suite de ce rapport, des annonceurs tels que Disney et Apple ont retiré leurs publicités de la plateforme. Lou Paskalis, un ancien cadre publicitaire qui dirige aujourd'hui la société de conseil AJL Advisory, a qualifié d'extraordinaire la décision de Musk de poursuivre la GARM et a déclaré que la fermeture du groupe aurait un "effet dissuasif" sur la manière dont l'industrie fonctionnera à l'avenir. « Je suis furieux de cette décision », a-t-il Paskalis.

Chris Pavlovski, PDG de Rumble Video (la plateforme qui a choisi de se joindre à X pour poursuivre la GARM pour "rétention de revenus publicitaires de Rumble et d'autres plateformes de médias numériques") a posté que "cette chute officielle de l'organisation à but non lucratif est ce à quoi ressemble la victoire".

X devra encore travailler avec les grands groupes commerciaux du secteur de la publicité qui surveillent de près les actions et les politiques des plateformes. Il devra également traiter avec les sociétés de gestion de la publicité qui conseillent les responsables de marketing sur la manière de dépenser leurs budgets.

Source : communiqué de presse de la GARM

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Que pensez-vous de la dissolution soudaine de l'alliance mondiale pour des médias responsables (GARM) ?
S'agit-il d'une victoire pour l'industrie de la publicité en ligne ? Quelles pourraient être les impacts sur l'industrie ?
Les membres du groupe craignaient-ils les retombées de l'action en justice intentée par le réseau social X d'Elon Musk ?
Quelles sont vos prédictions sur l'issue de ce procès ? La dissolution est-elle une stratégie de la GARM dans le cadre du procès ?
Que pensez-vous de la gestion du réseau social X par Elon Musk ? L'état de la plateforme s'est-il amélioré ou s'est-il dégradé davantage ?

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