On utilise les gens pour former une IA, puis une fois qu'on a l'IA, on les vire brutalement
certains employés affirment avoir été licenciés après avoir travaillé jour et nuit pour former une IA
La frénésie autour de l'IA pousse les entreprises à licencier des employés pour rediriger les ressources vers des projets d'IA. Toutefois, il semblerait que les employés qui travaillent à mettre en œuvre ces projets d'IA subissent également le même sort. Des employés concernés rapportent qu'ils ont été licenciés brutalement après avoir passé des mois à travailler de façon hardcore pour concrétiser le projet d'IA de leur employeur. Puis, les dirigeants délocalisent les charges de travail liées à la gestion des logiciels d'IA dans les régions où la main-d'œuvre est moins chère (avec des employés quasi esclaves). Elles économisent ainsi des milliards de dollars par an.
Certaines entreprises semblent avoir commencé à licencier les professionnels de l'IA qui ont contribué à la mise en œuvre leurs systèmes d'IA. Un cas spécifique qui a été rapporté cette semaine est celui de Wayfair, un vendeur de meubles en ligne. Dans une histoire déroutante partagée sur le site communautaire Hacker News, une personne se présentant comme un employé de Wayfair a laissé entendre que la société a exploité un certain nombre de ses salariés, y compris l'un de ses amis proches, en les faisant travailler comme des forcenés sur un projet d'IA. En fin de compte, ils ont tous été licenciés comme des malpropres.
Bien que l'histoire contienne peu de détails sur la façon dont les événements se sont déroulés, il a déclenché un débat intense sur la question de savoir si les travailleurs doivent se montrer dévoués et loyaux envers leurs employeurs sachant bien qu'ils peuvent être remplacés du jour au lendemain sans aucun ménagement. L'employé s'est exprimé en termes :
D'autres internautes ont également partagé des histoires similaires en réponse. L'une des réponses indique : « un de mes amis vient d'être licencié après avoir travaillé pendant six mois sur un projet semblable à "une marche de la mort". Il travaillait jusqu'à 2 heures du matin presque toutes les nuits, avec des réunions à 7 heures le lendemain, y compris les week-ends. Il a manqué le Nouvel An, les événements de Noël, les anniversaires des enfants et d'autres événements familiaux, ainsi que toutes les vacances prévues. Finalement, sa récompense n'a été rien d'autre que la suppression de son poste à la fin du projet ».
Wayfair a de nouveau licencié un certain nombre de personnes aujourd'hui après les avoir utilisées pour former l'IA.
Lorsque mon ami s'est connecté au travail aujourd'hui, on lui a demandé de participer à une réunion obligatoire, comme tous les membres de son équipe et toutes les personnes qu'il connaissait dans l'entreprise. Ce n'était pourtant pas une réunion, ils étaient les seuls à y participer.
Après avoir visionné une vidéo stupide sur la façon dont "Wayfair s'engage dans une nouvelle direction" ou autre, ils ont été privés de leurs comptes presque sans avertissement. Les amis ont à peine eu le temps de se dire au revoir. Au cours des derniers mois, ils ont formé une IA absolument inutile pour leur succéder.
Ils ont fait attendre tous les cadres jusqu'à une heure tardive de la journée pour qu'ils puissent être licenciés séparément. Bien sûr, ils ont gardé le seul manager qui vit dans un endroit où la main-d'œuvre est sous-payée, où ils délocalisent le travail de gestion de cette nouvelle IA à des quasi-esclaves.
Bien sûr, on leur a dit de ne pas publier d'articles à ce sujet sur les médias sociaux, et comme je n'ai encore rien trouvé, j'ai décidé de le faire moi-même. Quelle entreprise poubelle qui ne se soucie pas le moins du monde de ses employés !
Ce récit a suscité de vives critiques à l'égard de Wayfair pour le traitement qu'elle a réservé à ses salariés. Pour certains commentateurs, il n'est pas question de se tuer à la tâche pour une entreprise. L'un des critiques a déclaré : « ne sacrifiez JAMAIS votre vie pour une échéance artificielle. Comment déterminer s'il s'agit d'un délai artificiel ? Parce que s'il s'agissait d'une véritable échéance importante pour l'entreprise, celle-ci mettrait plus de monde sur le pont, éliminerait les obstacles jour après jour et proposerait même de prendre en charge une partie de votre travail pour que les délais puissent être respectés ».
L'intéressé a poursuivi : « s'ils n'agissent pas de la sorte, soyez assurés que le délai n'est pas "critique", mais qu'il est seulement nécessaire pour obtenir un certain classement ou pour la propre promotion de la direction. Ils vous licencieront après avoir fait tout le travail si cela correspond à leurs processus opérationnels ». L'on peut noter également des réactions telles que : « les seules personnes qui se souviendront que vous avez travaillé des heures folles sont votre famille » ; « n'est-ce pas l'entreprise dans laquelle le PDG encourageait tout le monde à faire des heures folles ? Ces gens ne s'intéressent qu'à eux-mêmes ».
« Voir des gens faire des heures supplémentaires avec l'idée que cela pourrait rapporter à l'avenir m'a toujours fait sourire. Heureusement, les nouvelles générations ne sont pas aussi stupides et elles hésitent beaucoup plus à le faire que les baby-boomers ou même les milléniaux », a déclaré un autre critique. Un autre critique s'interroge sur le caractère éthique et moral de ce type de licenciement : « quand et pourquoi cette procédure de licenciement sans âme est-elle devenue populaire ? Est-ce vraiment la meilleure façon de traiter les gens ? Les régulateurs devraient s'intéresser ces cas de licenciements abusifs ».
À en croire les rapports sur Wayfair, l'entreprise connaît des difficultés économiques depuis peu et cherche un nouvel équilibre après avoir connu une forte croissance importante au plus fort de la pandémie de Covid-19 en 2020. Wayfair a annoncé en janvier le licenciement de 13 % de ses effectifs, soit environ 1 650 employés. Il s'agissait alors de la troisième vague de licenciements annoncés par Wayfair au cours des 18 derniers mois. L'entreprise cherche à réduire ses coûts et à améliorer ses résultats financiers. Le PDG de Wayfair, Niraj Shah, a annoncé les licenciements dans un courriel interne adressé aux employés.
Il a souligné que Wayfair s'était développé trop rapidement au cours des deux années qui ont précédé la pandémie de Covid-19 et a ajouté que la société avait exagéré en embauchant pendant une période de prospérité économique, en référence à l'année 2020, lorsque les achats en ligne ont explosé, provoquant une hausse spectaculaire de la demande qui a doublé le chiffre d'affaires de Wayfair pour atteindre 18 milliards de dollars. Quelques années plus tard, la situation a changé. Il a écrit : « je crois que nous devons rester concentrés, en tant qu'entreprise, sur ce que de petites équipes engagées peuvent accomplir ».
« À bien des égards, il est pire d'avoir trop de gens formidables que d'en avoir trop peu », a déclaré le PDG de Wayfair. Quelques semaines plus tôt, il demandait aux employés de travailler plus dur. En effet, dans sa lettre de fin d'année adressée à ses employés, il leur a demandé de concilier travail et vie privée. « Pour gagner, il faut travailler dur. Je pense que la plupart d'entre nous, qui sommes des individus ambitieux, trouvent notre satisfaction dans la joie de voir nos efforts se matérialiser en résultats tangibles », a écrit l'homme d'affaires dans une note adressée à ses employés au début de cette année.
« Travailler de longues heures, être réactif, concilier travail et vie privée n'est pas une chose à laquelle il faut se soustraire. Il n'y a pas beaucoup de cas où la paresse a été récompensée par le succès », a-t-il ajouté. Shah avait été vivement critiqué pour ses déclarations.
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Pourquoi l'entreprise a-t-elle licencié les personnes qui ont travaillé sur son projet d'IA ?
L'attitude de Wayfair traduit-il un manque de considération envers ses travailleurs ?
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