Plus de 60 % des PDG sont des « analphabètes numériques », selon leurs propres employés
ils affirment que le manque de compétences de la direction retarde l'adoption de l'IA et leur fait perdre du temps
Les chefs d'entreprises auraient des difficultés à cerner l'utilité des nouvelles technologies basées sur l'IA, ce qui retarde leur adoption. Et les employés seraient furieux de cet état de choses. Selon une étude récente, 63 % des employés interrogés estiment que leurs patrons n'adoptent pas les outils d'IA principalement parce qu'ils sont des « analphabètes numériques ». Les employés affirment que l'analphabétisme numérique de leurs patrons les empêche de réaliser les gains de productivité promis par l'utilisation de l'IA. Cette étude contraste la rhétorique selon laquelle les employés ne souhaitent pas l'adoption des nouveaux outils d'IA par crainte d'être remplacés.
Les employés seraient impatients d'adopter l'IA pour booster leur productivité
L'étude a été commandée par SThree Plc et réalisée par FT Longitude. L'enquête a été menée auprès de 2 597 personnes entre le 10 juillet et le 11 août 2024 dans cinq pays : le Royaume-Uni, les États-Unis, le Japon, l'Allemagne et les Pays-Bas. Environ 30 % des personnes interrogées travaillaient dans des entreprises de plus de 500 salariés. SThree est une société basée à Londres, en Angleterre, qui est spécialisée dans le recrutement de talents dans les domaines STEM.
Le rapport indique que la résistance des entreprises aux nouveaux outils d'IA fait que les employés perdent jusqu'à six heures par semaine à effectuer des tâches manuelles qui pourraient être automatisées. Soixante-trois pour cent des employés interrogés attribuent la lenteur de l'adoption de l'IA au manque de compétences numériques de la direction, bien que les entreprises fassent la promotion de leurs initiatives en matière d'IA depuis le lancement de ChatGPT fin 2022.
L'étude de SThree, intitulée « How the STEM world works », rapporte que ce manque d'outils d'IA coûte aux 59 millions de travailleurs des STEM aux États-Unis, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, au Japon et en Allemagne une perte de productivité annuelle combinée de 773 milliards de dollars. « Le manque d'accès aux derniers outils d'IA a entraîné une baisse notable de ma motivation à relever de nouveaux défis au travail », a déclaré un travailleur néerlandais à SThree.
Selon le rapport, un professionnel sur six dans ces économies STEM de premier plan perd une journée de travail entière par semaine à cause de processus qui pourraient être accélérés par l'IA, et près de la moitié (49 %) disent que l'adoption de l'IA par leur entreprise jusqu'à présent a été médiocre par rapport à celle de leurs pairs. Un ingénieur japonais a déclaré à SThree : « je dois consacrer un temps considérable à des tâches répétitives qui pourraient être automatisées ».
L'année dernière, une étude réalisée par Tech.io a révélé que deux tiers des chefs d'entreprise ont une expérience limitée des outils d'IA. Cette situation souligne l'importance d'améliorer la culture numérique au niveau des cadres afin d'accroître la productivité et d'adopter les avancées technologiques.
L'avènement de l'IA en Europe et les défis auxquels les entreprises font face
L'Europe est à la traîne par rapport aux États-Unis en matière de grandes entreprises technologiques, les plus grands gagnants du boom de l'IA venant des États-Unis, avec les acteurs tels que Nvidia, OpenAI, Google et Meta, pour n'en citer que quelques-uns. Toutefois, certains signes montrent que les plus grandes entreprises de la région, principalement issues du secteur industriel, prennent des mesures pour intégrer les outils d'IA dans leurs processus de travail.
Des constructeurs automobiles ont adopté les chatbots pour les systèmes d'infodivertissement et envisagent d'utiliser l'IA pour améliorer la sécurité et l'automatisation. Le géant du pétrole et du gaz Shell utilise l'IA pour tout faire, de l'optimisation des opérations de forage à la maintenance prédictive. SThree suggère toutefois que les employés des secteurs non technologiques ne bénéficient pas de l'accès nécessaire aux dernières technologies d'automatisation.
« La question qui se pose aux entreprises européennes est de savoir comment elles peuvent exploiter l'IA de manière plus agressive, quelle que soit son origine. Il y a tellement de potentiel pour qu'elles profitent des milliards de dollars investis au niveau mondial », a déclaré Mark Read CBE, PDG du géant de la publicité WPP, à Fortune. En outre, les analyses révèlent également qu'il semble que les travailleurs ont commencé à utiliser la technologie en secret.
Un rapport récent de Salesforce a révélé qu'un travailleur sur cinq est un utilisateur « clandestin » de l'IA, qui cache son activité à ses collègues et à son patron en raison de l'incertitude quant aux règles et aux attentes concernant l'utilisation de la technologie sur le lieu de travail. Cela dit, le PDG de Salesforce, Marc Benioff, a vivement critiqué l'assistant d'IA Copilot de Microsoft. Selon le milliardaire, l'assistant d'IA de Microsoft ne fonctionne tout simplement pas.
Il a déclaré que « Copilot n'offre aucun niveau de précision et que les clients sont obligés de nettoyer le désordre ». « Pour ajouter l'insulte à l'injure, on demande ensuite aux clients de construire leurs propres LLM personnalisés. Je n'ai encore trouvé personne qui ait eu une expérience transformatrice avec Microsoft Copilot ou avec la poursuite de la formation et du recyclage des LLM personnalisés. Copilot ressemble davantage à Clippy 2.0 », a déclaré Marc Benioff.
Certains chefs d'entreprise voudraient supprimer des postes au profit de l'IA
L'étude de SThree vient contredire la rhétorique selon laquelle les employés craignent que les nouveaux outils d'IA ne les remplacent et ne souhaitent pas que leurs employeurs adoptent cette technologie. Les travailleurs du service à la clientèle, en particulier, craignent que l'IA ne les remplace, comme des groupes technologiques tels que Klarna, qui espère réduire ses effectifs de 1 800 personnes avec l'aide de l'IA. Plusieurs études ont rapporté des tendances similaires.
Une étude publiée au début de l'année par Beautiful.ai indique que 41 % des chefs d'entreprise interrogés souhaitent remplacer les travailleurs par l'IA, ce qui leur permettrait de réduire à la fois la masse salariale et les coûts. Elle a été publiée à la suite de rapports qui ont examiné les pertes d'emplois potentielles causées par l'IA générative, notamment un rapport qui prédisait que la technologie remplacerait plus de 2 millions d'emplois aux USA d'ici 2030.
Les autres résultats de l'enquête font état de ce que 48 % des cadres ont déclaré que leur entreprise bénéficierait d'avantages financiers s'ils pouvaient remplacer un grand nombre d'employés par des outils d'IA ; 40 % pensent que plusieurs employés pourraient être remplacés par l'IA et que l'équipe fonctionnerait bien sans eux ; 45 % considèrent l'IA comme une opportunité de réduire les salaires des employés parce que moins de travail humain est nécessaire.
Douze pour cent ont déclaré qu'ils utilisent l'IA dans l'espoir de réduire les effectifs et d'économiser de l'argent sur les salaires des employés. Mais il est important de souligner que malgré les investissements colossaux des entreprises dans les projets d'IA, les résultats sont mitigés et les perspectives concernant les rendements futurs sont faibles. En outre, les investisseurs sont de plus en sceptiques quant aux promesses de l'IA, notamment les rendements élevés.
Des dizaines de milliards de dollars ont été dépensés pour développer de modèles d'IA depuis le début du boom de l'IA, mais très peu d'entreprises les utilisent réellement. Selon les chiffres du Bureau du recensement des États-Unis, seuls 4,8 % des entreprises utilisent des modèles d'IA pour produire des biens et des services, contre 5,4 % au début de l'année. C'est à peu près la même proportion qui a l'intention de le faire au cours au cours de l'année prochaine.
Source : SThree
Et vous ?
Quel est votre avis sur le sujet ?
Que pensez-vous des résultats de l'étude publiée par SThree ? Sont-ils pertinents ?
L'étude suggère que les employés sont impatients d'adopter l'IA pour booster leur productivité ? Qu'en pensez-vous ?
Les employés interrogés par l'enquête de SThree affirment que les cadres sont des « analphabètes numériques ». Qu'en pensez-vous ?
Que pensez-vous des outils d'IA ? Selon votre expérience, ces outils améliorent-ils la productivité ? Doivent-ils être adoptés à l'échelle de l'entreprise ?
Quels pourraient être les impacts de l'adoption à grande échelle de ces outils sur la main-d'œuvre humaine ?
Voir aussi
Les géants de la technologie s'apprêtent à dépenser 200 milliards de dollars cette année dans la course à l'IA, malgré des résultats qui ne justifient pas les coûts et les craintes de Wall Street
Le PDG de Salesforce, Marc Benioff, déclare que l'assistant IA Copilot de Microsoft ne fonctionne pas, qu'il n'offre « aucun niveau de précision » et que les clients sont « obligés de nettoyer le désordre »
Emploi : une enquête révèle que près de la moitié des dirigeants souhaitent remplacer les travailleurs par l'intelligence artificielle et pourraient l'utiliser pour réduire les salaires
Partager