Le marché de l’emploi cadre a subi en 2024 une sévère baisse, le pire étant -18 % en informatiques, et -19 % pour le recrutement de juniors, et la baisse va s'empirer en 2025, d'après l'APEC
Selon un rapport de l'APEC, Le marché de l’emploi cadre a subi en 2024 une sévère correction. Le rapport prévoit qu'en 2025, le volume des recrutements de cadres devrait poursuivre sa baisse, mais différents aléas entourent cette prévision.
Ces derniers mois, le moral s’est effondré dans les rangs de la tech. Les géants du secteur (Google, Meta, Amazon, Microsoft…) ont lancé d’importantes vagues de réductions d’effectifs, semant l’inquiétude chez les employés survivants. Anciennement choyés par de généreux avantages, ces derniers se retrouvent à travailler plus et à craindre de figurer sur la prochaine liste de licenciement. Les chiffres illustrent l’ampleur du phénomène. Selon le site Layoffs.fyi, plus de 150 000 postes ont déjà été supprimés dans la tech en 2024, répartis sur près de 550 entreprises. La saignée se poursuit en 2025, avec plus de 22 000 emplois coupés dès le premier trimestre (dont 16 084 en février).
Un nouveau rapport d'étude de l'APEC révèle les prévisions du marché de l'emploi pour 2025. L'étude de l'APEC repose sur une enquête annuelle, menée auprès d’un échantillon permanent de 8 000 entreprises représentatif de la répartition par région, par taille et secteur d’activités des salariés du secteur privé en France métropolitaine et représentant 1,4 million de salariés dont 345 500 cadres.
Voici les points-clés du rapport :
Le marché de l’emploi cadre a subi en 2024 une sévère correction
- Les entreprises françaises ont recruté 303 400 cadres en 2024, soit une chute de 8 % par rapport à 2023. Cette baisse est liée en particulier à la contraction des investissements des entreprises, une première depuis 2009 (hors crise sanitaire).
- Le coup d’arrêt est particulièrement sensible dans les services à forte valeur ajoutée (-10 %), traditionnels moteurs de l’emploi cadre, et notamment dans les activités informatiques (-18 %). L’industrie, le commerce et la construction affichent également un bilan en net retrait, tout comme l’ensemble des régions.
- Les recrutements de cadres débutants (moins d’un an d’expérience) apparaissent particulièrement touchés par ce retournement (-19 %), comme souvent lors de contractions du marché.
En 2025, le volume des recrutements de cadres devrait poursuivre sa baisse
- En 2025, le marché de l’emploi cadre serait de nouveau en recul (292 600 recrutements, -4 %) et repasserait sous la barre des 300 000 recrutements.
- Aucun secteur ni aucune région n’enregistrerait de rebond de leurs recrutements de cadres en 2025. En revanche, les volumes d’embauches pourraient se stabiliser en Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse, Occitanie, Nouvelle-Aquitaine et Bretagne, après de forts reculs enregistrés en 2024.
- L’évolution du marché laisse augurer de difficultés accrues pour les publics les plus vulnérables, en particulier pour les demandeurs d’emploi cadre, notamment les plus séniors.
Différents aléas entourent cette prévision
- Le millésime économique 2025 s’annonce particulièrement incertain. L’instabilité du contexte géopolitique et les risques de guerre commerciale pourraient avoir un effet récessif d’ampleur et peser encore davantage sur les investissements des entreprises.
- Sur le plan intérieur, malgré un possible rebond de la consommation des ménages, l’objectif de résorption des déficits publics pourrait également peser négativement sur la croissance et l’investissement.
- Tous ces aléas pourraient avoir un effet délétère sur l’emploi et les recrutements de cadres, fortement liés aux investissements des entreprises.
Une autre étude récente a confirmé que le secteur technologique traverse une période de turbulence marquée par des craintes croissantes de licenciements massifs, alimentées par l'automatisation et l'essor de l'IA. L'étude a révélé que 54 % des responsables du recrutement anticipent des suppressions d'emplois en 2025, ciblant particulièrement les rôles vulnérables à l'IA et les compétences obsolètes, tout en soulevant des questions sur l'avenir des profils juniors, la délocalisation accrue et l'érosion des opportunités pour les nouveaux diplômés.
Bien que les entreprises misent sur la requalification et les compétences en IA, nombreux sont ceux qui s'interrogent sur la viabilité à long terme des carrières technologiques, entre adaptation forcée et disparition progressive de certains métiers, un pessimisme confirmé par le rapport « Future of Jobs 2025 » du Forum économique mondial, qui prédit une automatisation record d'ici 2030, avec 41 % des entreprises interrogées envisageant de réduire leurs effectifs au profit de l'IA dans les cinq prochaines années.
Le rapport annuel Work Trend Index 2025 de Microsoft confirme également cette tendance vers l'IA. Selon le rapport, 33 % des dirigeants envisagent déjà des réductions d'effectifs en raison de l'IA. Le nouveau rapport met également en évidence la manière dont les « entreprises pionnières » intègrent l'IA dans leur flux de travail. Microsoft décrit ces entreprises pionnières comme des sociétés « structurées autour de l'intelligence à la demande et alimentées par des équipes “hybrides” composées d'humains et d'agents ».
Source : Prévisions Apec 2025 : Retournement de tendance pour les recrutements de cadres
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