En réalité, la consommation d'énergie liée au fonctionnement de ces stades ne représente qu'une faible part de leur impact climatique.
Produire du béton, du ciment, de l'acier, du verre, émet des quantités faramineuses de gaz à effet de serre dans l'atmosphère. Pour n'en citer qu'un, le stade de Lusail, qui accueillera la finale, repose sur des colonnes pesant plus de 6 000 tonnes d'acier. Des "émissions intégrées" difficiles à tracer, souligne Gilles Dufrasne, auteur d'un rapport de l'ONG Carbon Market Watch* sur l'impact environnemental de la Coupe du monde. "Les émissions liées à la construction des stades sont potentiellement jusqu'à huit fois plus importantes qu'annoncé par les organisateurs", estime-t-il.
L'ONG pointe un tour de passe-passe méthodologique. Selon elle, l'hypothèse des organisateurs consiste à dire que "
puisque les stades ont une durée de vie de 60 ans et que la Coupe du monde dure un mois, alors ils ne sont responsables que d'un mois sur 60 ans de la quantité totale d'émissions", explique Gilles Defrasne.
Ce calcul sous-entend par ailleurs que les stades seront utilisés après la compétition en tant que centres commerciaux et hôtels, ou mis à disposition d'équipe locales. Or, dans ce pays de 2,5 millions d'habitants, "les projets de reconversion sont peu détaillés et souvent peu crédibles", poursuit le spécialiste. "Certains stades verront leur capacité d'accueil baisser mais resteront des enceintes de tailles significatives. L'un recevra une équipe locale,
un autre l'équipe féminine nationale...", liste-t-il, circonspect sur la capacité future à remplir les tribunes.
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