L’essor de la Silicon Valley est une incarnation parfaite du “techno-solutionnisme”, Cyril Hédoin nous explique "on peut dire que le secteur de la tech est particulièrement propice à la transmission des idées libertariennes, et ce pour deux raisons différentes mais complémentaires.
La première est opportuniste : depuis les années 1980, le dynamisme des économies modernes (et surtout de l’économie américaine) est en grande partie tiré par la Silicon Valley. Le libertarianisme attire les entrepreneurs par ses idées pro-marché, en faveur de la rémunération de la prise de risque : le fait que le secteur de la tech soit traversé par les idées libertariennes relève d’un phénomène d’autosélection.
La deuxième explication est idéologique : le courant libertarien qui habite la Silicon Valley repose sur l’idée que la technologie représente une opportunité pour échapper au contrôle de l’Etat, perçu comme une entité coercitive à abattre". Nikos Smyrnaios ajoute "l”idéologie californienne” et la “culture start-up”, à la confluence entre libéralisme économique et déterminisme technologique, ont donné naissance au “solutionnisme technologique”,
idée selon laquelle, grâce aux technologies numériques, tous les aspects de notre vie connaîtront une amélioration sans précédent, et tous les problèmes sociaux et économiques pourront être résolus par des algorithmes sophistiqués et des appareils “intelligents”.

Cette idée a été transformée en doctrine dans les années 1990 par les digerati , une génération d’intellectuels libéraux et technophiles fédérés autour du magazine Wired, fondé par Stewart Brand et Nicholas Negroponte, un professeur flamboyant et très influent auprès de l’élite économique et politique états-unienne, créateur du Media Lab au sein du MIT".
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