Sondage : pourquoi les dirigeants ont commencé à appeler leurs employés au bureau après le confinement ?
Les "anti-télétravail" semblent-ils prendre le dessus ?
La pandémie du Covid-19 a et continue d’avoir plusieurs conséquences sur la société. L’une d’elles est le passage rapide d’un nombre impressionnant de travailleurs en télétravail à travers le monde. Cela a surtout permis aux entreprises de limiter les impacts de la crise sanitaire. Toutefois, alors que le taux de contagion commence à peine à baisser dans le monde, le monde semble déjà prêt à renouer avec les vieilles habitudes de travail. À présent, on note la formation de plusieurs clans légués contre le travail à distance et les télétravailleurs sont menacés de perdre leur emploi.
Parti de Chine pour le reste du monde, le Covid-19 a induit la plus grande expérience de télétravail jamais vu. Ainsi, les entreprises ont pu continuer à faire tourner des pans de leurs activités tout en respectant la mesure du confinement. De même, dans certains pays, le gouvernement a imposé ou conseillé de mettre en place le télétravail pour les employés dont le poste le permettait. Selon plusieurs études menées pendant le confinement, en plus d’avoir amélioré la productivité des travailleurs, le travail à distance a aussi eu d’autres avantages, comme l’amélioration de la qualité de l’air.
Les dirigeants ont commencé à appeler leurs employés au bureau après le confinement
Il aurait permis une baisse de la pollution atmosphérique en raison de la baisse du trafic journalier. Il a aussi eu d’autres conséquences positives. En outre, de nombreuses personnes s’accordent à dire que le Covid-19 devrait servir de tremplin vers une nouvelle organisation du travail, y compris ne convier au bureau uniquement que le personnel nécessaire et indispensable. Cette réflexion n’a pas l’air d’avoir été menée puisque dès le déconfinement, les dirigeants ont commencé à appeler leurs employés au bureau. Le passage soudain et miraculeux au télétravail n’aura pas duré longtemps.
Mais pourquoi ce revirement brusque ? La réponse varie d’un intervenant à un autre, mais plusieurs sondages ont révélé que de nombreux employés souhaitaient continuer à exercer en télétravail et que leur poste dans leur organisation le permettait. Des campagnes anti-télétravail ont commencé à faire rage sur les réseaux sociaux, comme Twitter, faisant valoir que si votre travail peut être fait à partir de chez vous, alors il peut être fait de n'importe où dans le monde. C’est une manière pour ces activistes de prouver que le travail à domicile est insignifiant.
En France, un sondage de YouGov a montré que le taux de télétravailleurs baisse rapidement. Il est passé 27 % pendant le confinement à 15 % après le déconfinement malgré la persistance du Covid-19. C'est une chute importante comparativement au Royaume-Uni, où les choses vont un peu plus lentement. Ici, environ 35 % d’actifs ont indiqué qu’ils exerçaient en télétravail lors du confinement. Bien que ce taux a aussi connu une baisse depuis le déconfinement, la proportion de télétravailleurs dans le pays est nettement supérieure à celle de la France, soit 29 %.
Les campagnes allèguent que les travailleurs à distance sont susceptibles d’imposer leurs lois aux supérieurs hiérarchiques, ce qui ne devrait pas être le cas. Ainsi, la persistance d’exercer à la maison peut entraîner purement et simplement leur remplacement. Cela signifie en effet que les employés qui continuent à travailler à domicile seront désormais plus vulnérables au licenciement. Qui aurait pensé que quelques mois de travail en short et en t-shirt allaient nous rendre plus enclins à être remplacés par des personnes moins chères en Inde, en Chine ou au Myanmar ?
Certains veulent que la pandémie soit considérée comme un événement temporaire
Il est clair que deux groupes émergent : ceux qui veulent désespérément que la pandémie soit considérée comme un événement temporaire avant que tout ne revienne à la normale et ceux qui se réjouissent des véritables perturbations à long terme qui se produisent. Les personnes se retrouvant dans le premier cas sont nombreuses. Celles-ci justifient leur position par ce qu’ils appellent “la bande passante imbattable de la présence sur place”. Elles estiment que ce qui est transmis et reçu par l'écran et le casque l’est par l'intermédiaire d'un million de kilomètres de câble en fibre optique.
Selon elles, cela n'est pas l'expérience complète de la rencontre. Il ne tient pas compte non plus de tout ce qui se passe autour de ces réunions. Selon ces dernières, un soutien par les pairs est nécessaire et des aspects plus subtils de la formation du personnel et de l'inspiration mutuelle se produisent lorsque vous partagez un espace physique. En revanche, les gens de la deuxième catégorie pensent que le problème du travail n'est pas les outils ou l'emplacement physique, mais l'obsession de la direction, l'accent excessif mis sur le travail sur le lieu de travail, une hiérarchie dominatrice et le manque de véritable numérisation de l'entreprise.
Pour des dirigeants d’entreprises, le télétravail n'est pas leur solution préférée à long terme une fois la crise du Covid-19 passée
Il s’agit de problèmes plus profonds et plus complexes, selon eux. Mais, un nombre croissant de dirigeants d’entreprises déclarent aujourd'hui que le télétravail, bien que nécessaire pour la sécurité pendant une grande partie de l’année en cours, n'est pas leur solution préférée à long terme une fois la crise du Covid-19 passée. Selon eux, les gains de productivité observés avec l'essor du travail à distance peuvent ne pas durer sur le long terme. Cela s’expliquerait par le fait que les travailleurs ont quitté les bureaux en mars remplis d'un sentiment de malheur.
Ainsi, une fois ce sentiment passé, les employés travaillant à la maison sont susceptibles de devenir peu à peu négligents ou quelque peu “paresseux”. Mais les militants du travail à distance ne sont pas d’accord. D’après eux, le travail à domicile (géré et soutenu de manière appropriée) peut être plus productif que le travail au bureau. De même, ils estiment que le télétravail a en fait contribué à résoudre des frustrations de longue date concernant le rythme du travail de bureau, dont la concentration sur le travail qui être fait plutôt que de porter son attention sur des réunions moins utiles.
Selon eux, le travail à domicile permet de se concentrer sur le travail qui compte vraiment. En télétravail, les travailleurs passent 12 % de temps en moins à s’occuper de grandes réunions et 9 % de temps en moins à interagir avec les clients et les partenaires extérieurs. Le télétravail permet à l’employé de prendre la responsabilité de ses horaires. L’employé ferait 50 % de plus d'activités par choix personnel, car il les considère comme utiles et importantes ; et deux fois moins si quelqu'un d'autre le lui demande. Cela réduit aussi le taux de tâches jugées fatigantes.
L’on estime que pendant le confinement, les employés ont considéré leur travail comme étant plus utile. De ce fait, le nombre de tâches considérées comme fatigantes est passé de 27 % à 12 %, et le nombre de tâches que l’on peut facilement déléguer à d'autres est passé de 41 % à 27 %. Sur la base de ces chiffres, les militants d’une plus grande adoption du travail à distance déclarent que le bureau comme mode de travail par défaut est mort. Mais le bureau lui-même n'est pas mort. Cependant, ils s’accordent à dire qu’il s’agit en effet d’un couteau à double tranchant.
Selon eux, avec le télétravail, ce que vous gagnez en matière d'équilibre entre vie professionnelle et vie privée, vous pouvez le perdre en matière d'innovation et de créativité. En réalité, beaucoup de télétravailleurs sont encore au stade de faire ce qu'ils faisaient au bureau, juste à distance. Mais si le travail à domicile persiste, les attentes vont augmenter davantage. Par contre, cela ne veut pas dire qu’il n’existe pas de solution pour s’adapter. Alors, qui l’emportera entre le bureau et le travail à distance ? Pour beaucoup, ce n'est pas un choix binaire qu’il y a lieu de faire.
C’est plutôt le moment de réfléchir à la bonne façon de mélanger ces deux modes de travail. En plus, il est aussi possible de créer un système de travail intermédiaire qui est hybride. Cela signifie une semaine de travail avec quelques jours ou quelques heures au bureau et quelques jours à la maison. Selon ces derniers, la meilleure chose à faire dans toute période de changement est de ne parier ni sur le noir ni sur le blanc.
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